L’histoire de Chrystel Macia est celle d’une descente aux enfers. Au début, l’envie d’améliorer son anglais et de fuir « un passé familial douloureux » en s’exilant aux États-Unis, pour un an, comme jeune fille au pair. A la fin, des années plus tard, le dépôt d’une plainte devant le tribunal de Lyon. Elle a été arnaquée.
Comme des milliers d’autres aspirantes au pair, elle avait placé une annonce sur un site gratuit qui servait d’intermédiaire avec des familles d’accueil – passer par une agence officielle était trop cher pour cette étudiante. Une famille new-yorkaise lui répond quinze jours plus tard et lui demande de passer par une agence de voyage, « Global Travel International », pour gérer visa, billets d’avion et assurance. Il s’agit d’une arnaque, mais la jeune fille ne se doute de rien. « J’ai fait quelque recherches mais rien ne permettait de mettre en doute cette agence.»
La suite de l’histoire est celle d’une série d’escroqueries. Un interlocuteur lui demande 750 livres (l’agence était soi-disant basée en Angleterre), invoque par la suite une mystérieuse nouvelle loi américaine qui justifie l’envoi de 1.000 livres supplémentaires. Pendant plusieurs mois, elle transfert ainsi de l’argent sur le compte de cette fausse agence jusqu’à ce que, sans travail, sans argent, en dépression, elle décide d’arrêter. « Je croyais vraiment à mon projet, mon rêve, j’étais déterminée. J’ai su plus tard que j’étais naïve.»
Avec l’explosion ces dernières années des possibilités de séjours au pair, formule alléchante pour s’immerger dans la culture d’un pays, les arnaques prolifèrent sur les sites spécialisés qui proposent de mettre en relation gratuitement des jeunes candidates (et candidats) au départ et des familles d’accueil. Fausses familles, non-respect des règles s’appliquant aux au pairs en terme de logement et d’horaires… pour des jeunes qui souvent méconnaissent les démarches ou sont prêts à tout pour vivre leur rêve, il est facile de se faire embobiner par la Toile.« C’est un problème relativement peu important mais qui reçoit beaucoup d’attention, note Laura Daly, Présidente d’IAPA (International Au Pair Association), un organisme international regroupant 153 agences au pair accréditées (dont 13 en France) qui a récemment émis une alerte sur les risques associés aux annonces sur internet. Nous recommandons aux jeunes filles de passer par des organismes d’accueil et d’envoi accrédités par IAPA. »
Ces agences assurent notamment la sélection des familles d’accueil, l’obtention de l’assurance médicale et du visa J nécessaire pour les séjours au pair aux Etats-Unis, et garantissent le respect de la loi par les parties. Ce qui explique le coût plus élevé de la procédure. En France, une liste des agences officielles spécialisées dans le placement au pair est disponible sur le site de l’UFAAP (Union Française des Agences Au Pair).
En cas d’utilisation de sites gratuits (et il y en a beaucoup, comme Great au pair, Find au pair, Easy au pair, Au pair care ou Au Pair World…), prudence donc. Les séjours aux États-Unis, destination favorite des “au-pairs” français, sont particulièrement visés. Tout contact avec un interlocuteur demandant des infos personnelles (numéro de compte, adresse et numéro de passeport) ; proposant une rémunération exorbitante ; conseillant une agence de voyage inconnue (dont le nom contient « Global ») ou l’utilisation de Western Union pour les transferts de fonds devrait éveiller les suspicions.
«Je ne veux pas incriminer ces sites car je connais des filles qui sont très contentes du service, souligne Chrystel Macia, actuellement au pair en Espagne. Mais il faut être vigilant».
Pour plus d’informations: le site de Chrystel Macia
Site de l’UFAAP, regroupement d’agence au pair françaises accréditées
Site d’Au Pair in America, leader du placement d’au pairs aux Etats-Unis,
Vigilance contre les arnaques "au pair"
Par Alexis Buisson / Le 26 juillet 2010 / Travail
DERNIÈRES NEWS
French Morning
Rejoignez la communauté !
S’ABONNER À LA NEWSLETTER