Cinquante ans après son assassinat, le SFMOMA rend hommage à Robert Francis Kennedy à travers l’exposition “The Train: RFK’s Last Journey“, qui retrace en images le trajet du train transportant le corps du sénateur de New York à Washington avant son enterrement.
Le 6 juin 1968, Robert Francis Kennedy tombe sous les balles d’un militant palestinien, en pleine campagne présidentielle, alors qu’il vient de remporter la primaire démocrate de Californie. Moins de cinq ans après l’assassinat de son frère et président des Etats-Unis John Fitzgerald Kennedy, et deux mois à peine après celui de Martin Luther King Jr., la disparition brutale de RFK, défenseur des droits civiques et fervent opposant à la guerre du Vietnam, plonge l’Amérique dans un profond désarroi. Spontanément, une foule immense se masse sur le trajet du train qui ramène son corps de New York à Washington, où il doit être enterré aux côtés de JFK. Le SFMOMA, à travers trois expositions multimédias, fait revivre ce trajet chargé d’émotion.
Paul Fusco, photographe pour le magazine Look, est à bord du train, et immortalise la tristesse et le respect de ces Américains venus rendre un dernier hommage au candidat assassiné. Pendant les huit heures que dure le trajet, il fait plus de 1.500 photos d’anonymes, tous unis dans un même recueillement: certains sont figés dans un salut militaire, d’autres portent des pancartes “So long, Bobby“. Beaucoup brandissent des drapeaux américains. Une vingtaine de photos sont exposées, et le SFMOMA en a acquis seize pour sa collection.
Deux autres artistes apportent un éclairage complémentaire. Rein Jelle Terpstra est un artiste néerlandais qui a passé près de quatre ans a essayé de retrouver les personnes qui ont assisté au passage du train, et qui avaient pris des photos et des vidéos de l’événement. Un travail de fourmi qui a donné naissance à “The People’s View”: des pages d’albums de l’époque, de nombreuses photos légendées par les anonymes qui se trouvaient là, et des vieux films vidéo 8. Le tout montré pour la première fois.
Dans une troisième salle, on peut visionner “June 8, 1968”, un film de sept minutes réalisé par le Français Philippe Parreno, qui entend montrer “le point de vue du mort“. Le réalisateur a refait le même trajet que le convoi original, plaçant des acteurs tout au long des rails pour recréer cet événement marquant. Le résultat est fascinant, alternance de mouvement et de poses figées dans la solennité du moment. Trois expos en une à ne pas rater sur une période charnière de l’histoire américaine.