Sortie le 29 mars sur Netflix, la série « Johnny par Johnny » (« Johnny Hallyday: Beyond Rock » sur Netflix US) retrace la vie et les 57 années de carrière musicale de l’icône française du rock décédée en 2017. Commenté en partie par le chanteur lui-même grâce à des extraits d’interviews et des archives oubliées, ce documentaire, découpé en cinq épisodes d’une trentaine de minutes chacun, est une déclaration d’amour aux États-Unis.
L’enfance imaginée au Texas
C’est un homme marqué par une enfance solitaire et itinérante que nous présente Netflix dans le premier épisode. Abandonné par son père à l’âge de sept mois, Jean-Philippe Smet (de son vrai nom) est recueilli par sa tante et grandi auprès de deux cousines danseuses, qu’il suit partout en représentation à travers l’Europe. Le mari de l’une d’entre elles n’est autre que Lee Halliday, un danseur et chanteur américain qui va profondément marquer le jeune Jean-Philippe. « C’est sûrement la personne qui m’a servi de père, qui m’a élevé et appris un peu la danse », confie Johnny Hallyday en expliquant le choix de son nom de scène. Né d’une mère parisienne et d’un père belge, le jeune homme invente le récit d’une enfance aux États-Unis en grandissant, déclarant avec aplomb devant la presse avoir grandi en partie au Texas.
Lors de ses premiers pas sur scène au tout début des années 1960, Johnny Hallyday est considéré comme un rockeur avant-gardiste. Il s’inspire en fait de son idole de l’époque, Elvis Presley, poussant la ressemblance physique et allant jusqu’à reproduire toutes ses mimiques de chant et de danse. Le succès est au rendez-vous et va façonner encore un peu plus le rêve et le désir d’Amérique de l’artiste.
Pionnier des spectacles « à l’américaine »
À ses débuts, Johnny Halliday faisait figure de pionnier. La série rappelle que c’est lui qui a organisé les premiers concerts « à l’américaine » en France, mêlant tout à la fois danse, chant, jeu d’acteur, cascades et pyrotechnie. Son spectacle au Palais des Glaces en 1969 est un modèle du genre, Johnny Hallyday enchaînant les personnages dont celui d’un boxeur en plein combat au milieu d’un ring.
Trois ans plus tard, il va encore plus loin en organisant la première tournée itinérante, le « Johnny Circus », où il chante sous un chapiteau chaque soir pendant plus de deux mois à travers 70 villes de France. « Je ne suis pas un chanteur qui vient juste chanter ses petites chansons. Il faut faire rêver les gens », résume-t-il dans l’épisode 2. Marié à l’époque à Sylvie Vartan, l’artiste partage cette tournée avec une chanteuse américaine, Nanette Workman, avec qui il aura une brève histoire à ce moment-là.
Las Vegas, concert de la démesure
Après son divorce d’avec Sylvie Vartan en 1980, c’est à Los Angeles que va se ressourcer le chanteur. L’épisode 4, « Mon Amérique à moi », est dédié à l’amour de Johnny Hallyday pour les États-Unis. Il nous embarque d’abord dans un road-trip en moto de New York à la Californie en 1990, avant un retour par l’Hexagone et le Parc des Princes, où Johnny organise un immense concert pour ses 50 ans en 1993 avec une réplique impressionnante du Golden Gate Bridge de San Francisco sur scène. Trois ans plus tard, l’icône du rock se lance dans le projet de sa vie : se produire à Las Vegas devant les Américains.
Mais devant la difficulté de la tâche, l’artiste et son équipe décident plutôt de faire venir ses fans français en affrétant la bagatelle de 22 avions pour eux. La scène est surréaliste et le concert raté avec un Johnny Halliday stressé et diminué physiquement. Une blessure de plus pour le chanteur qui aurait tant aimé faire carrière aux États-Unis. Il finira par emménager à Los Angeles en 2007 avec sa cinquième femme, Læticia, dans la ville bling-bling des étoiles de Sunset Boulevard. « Johnny, c’est Hollywood revu et corrigé par la Foire du Trône », résume à merveille une voix-off dans le troisième épisode.