Deux mètres huit, 113 kilos. Le géant français Ronny Turiaf est l’une des nouvelles recrues des Knicks, l’équipe mythique de la Big Apple, où il évolue au poste d’intérieur. « Je rends la vie facile à mes coéquipiers », résume-t-il. Un rôle de vigie défensive qu’il pratique notamment aux côtés d’Amar’e Stoudemire, recruté en même temps que lui, show man attitré des Knicks et 14ème salaire de la NBA avec un contrat de 16,8 millions de dollars par saison.
A presque 28 ans (ce jeudi 13 janvier), Ronny Turiaf affiche un beau palmarès. Cela fait dix ans que le Français pratique les parquets américains. L’équipe des New York Knicks constitue la troisième équipe de la carrière de Turiaf, après les Los Angeles Lakers et les Golden State Warriors.
Au départ pourtant, il ne veut pas entendre parler de basket. C’est le football qui l’intéresse. « J’y jouais quand j’avais 14 ans, je me débrouillais bien », raconte-t-il. Mais il est plus grand que les garçons de son âge, les parents des autres joueurs le pensent plus âgé et s’en plaignent. Son père l’incite à jouer au basket. Il quitte sa Martinique natale à 15 ans, pour intégrer l’INSEP (Institut National du Sport). Il débute sa carrière au milieu des meilleurs joueurs déjà établis comme Tony Parker, ou Boris Diaw, qui comptent aujourd’hui parmi ses meilleurs amis (Turiaf était, avec le Bordelais Boris Diaw, l’un des trois témoins de mariage de Tony Parker). « C’était une période de frustration, j’étais pataud, pas athlétique, je m’énervais souvent », se souvient-il. Son bac en poche à 17 ans, il effectue une première année de BTS en action commerciale, un domaine qui l’a « toujours attiré », et fait un stage à la Fédération Française de Basket-Ball (FFBB).
Il rejoint les Etats-Unis à seulement 18 ans, où il s’inscrit à l’université de Gonzaga, à Spokane, Washington. Il joue dans l’équipe universitaire de basketball pendant quatre ans et obtient un diplôme en Management du Sport et de la communication. Ronny Turiaf attire la convoitise des franchises NBA et intègre les Los Angeles Lakers à la fin de sa carrière universitaire. Problème : au cours des tests physiques de début d’année, les médecins du club californien détectent une malformation de son aorte, qui met potentiellement sa vie en danger. Il subit une intervention à cœur ouvert de six heures, et reprend la compétition cinq mois seulement après son opération. Fort de cette expérience, il inaugure la fondation « Cœur à Cœur » en 2009.
A son arrivée aux États-Unis, il lui faut surmonter la barrière de la langue. Une formalité, pour celui qui parle également l’espagnol, l’italien et son créole natal. « J’ai appris les expressions du basket sur le terrain, en copiant collant ce que disaient les autres joueurs », explique-t-il. C’est en regardant « Crocodile Hunter », l’émission de Steve Irwin, intrépide chasseur de crocodiles, qu’il apprend à parler anglais correctement.
De sa vie en Amérique, le jeune homme énergique et volontaire apprécie les opportunités multiples et « les projets qui aboutissent plus facilement qu’en France. Ici, c’est la vie en grand », lance-t-il. Habitant à quelques pas du centre d’entraînement des Knicks à Tarrytown, il profite de la vie new yorkaise pendant son temps libre (le dimanche est son seul jour « off »). Il aime se balader dans Meatpacking District, ou dans Soho, avec sa chienne Nina, un pitbull récupéré à la SPA de Los Angeles. « Je vais voir beaucoup de pièces à Broadway, comme les « Jersey Boys », ou le « Blue Man Group », raconte-t-il.
Côté gastronomie, il se dit séduit par le restaurant Bagatelle, avec son homard à la marmite et ses gnocchis à la parisienne. Le bistro français, situé dans le sud de Manhattan, recréé un décor parisien qui rappelle au joueur ses trois années à la capitale. A Paris, il habitait Vincennes, à côté de l’INSEP, et sortait tous les dimanches aux Puces de Saint-Ouen, à Clignancourt dans le 18e. « Cela me manque de lire les journaux le matin avec un café et un pain au chocolat », admet Turiaf. Fan de football américain et de baseball, il regarde aussi beaucoup de matches à la télévision et des séries comme Dexter ou Lost.
Le pivot international des Knicks n’exclut pas de repartir d’ici cinq ans en Martinique, où il se rend chaque été, et se consacrer aux JSA (Jeunes de Saint Augustin) Bordeaux, dont il est devenu actionnaire en novembre dernier, avec Boris Diaw. Autre option : devenir entraîneur, « pour le contact avec les joueurs ».
Il rêve d’entreprendre un voyage au Népal et de partir à la rencontre des moines bouddhistes, « seul, avec un sac à dos ». Mais pour l’heure, un seul objectif : ramener les Knicks en playoffs, qui regroupe les meilleures équipes NBA de la saison.
Pratique
Réservez vos tickets pour les prochains matches des NY Knicks ici.
Retrouvez les Knicks (saison 2009-2010) en images sur le site du photographe Christophe Élise.