Retour gagnant

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«Je rentre à Paris». Michel a l’air content de sa décision. «Après avoir passé dix belles années à New York, Je sens que c’est le moment». Il a acquis une grosse expérience dans le secteur qui le passionne depuis toujours, la finance, et vient de se marier à une charmante Française l’été dernier. Il a l’impression qu’il est temps de commencer un nouveau chapitre de sa vie. «Ce qui était rigolo entre 25 et 35 ans m’amuse beaucoup moins maintenant. J’ai envie d’être plus cool, de fonder une famille, tout en faisant le maximum pour être de plus en plus fort dans mon métier». Je me demande bien pourquoi il est venu me voir. Je l’écoute attentivement tourner autour du pot. «Ma femme Marianne me supporte dans ma démarche, mes amis et ma famille m’attendent impatiemment, mais aucun d’entre eux n’a idée de l’état de panique dans lequel je me trouve. Malgré mon CV plutôt imposant, personne ne veut de moi en France».
Michel a l’air d’avoir douze ans de nouveau. J’ai envie de lui dire qu’il raconte n’importe quoi, qu’une grosse pointure comme lui, formé à l’école Wall Street et qui a dû survivre à toute une panoplie de coups de poignards dans le dos, doit être recherché par bon nombre de compagnies, mais mon travail est d’abord de comprendre, surtout pas de donner des conseils, et encore moins de juger. Racontez-moi. «Même si je me fixe une deadline d’un an pour repasser de l’autre coté de l’océan Atlantique, j’ai déjà pu tester la température du marché en contactant les quelques relations de business qu’il me reste. Les nouvelles ne sont pas bonnes. La crise a fait disparaître beaucoup de jobs, et j’ai appris que ceux que l’on appelle « les ricains », comme moi, sont mal vus dans le milieu de la finance parisienne. Nous avons une image de petits prétentieux qui croient tout savoir mieux que les autres». Est-ce justifié ? «Pour ce qui est d’être bon, rapide, créatif et efficace, en effet, ils ne se trompent pas !». Michel a retrouvé l’humour et la prestance de l’homme adulte qu’il avait mis de côté. Pouvoir parler de ce qui le torture à quelqu’un de neutre et de candide lui a permis de se délester d’un poids qu’il n’arrivait plus à porter seul. Je le sens plus calme et plus serein. Mais où est le problème?
«J’ai besoin de vous pour gommer cette image négative qui peut m’empêcher de trouver un travail. Je suis prêt à faire les efforts nécessaires, même rentrer dans le rang, afin d’atteindre mon but au plus vite. Dès que j’aurai mis un pied dans la porte, je pourrai leur prouver de quoi je suis capable». Ce que j’entends m’abasourdit, j’ai dû crier victoire un peu trop vite. Avant de le mitrailler de questions, j’enfonce le clou. Pense-t-il que cela soit la meilleure stratégie possible ? «Sans aucun doute». En quoi a t’il besoin de moi qui ne connais absolument rien du monde du business et de la finance ? «Pour m’aider à ne plus être angoissé». De quoi ? Je lui demande de prendre le temps de réfléchir sur la véritable source de son stress. Je ne fais rien pour interrompre le silence qui s’installe entre nous. Nous sommes en plein coaching, il fait face à un miroir et se découvre à l’état brut. «Je ne regardais pas dans la bonne direction. Ce n’est pas la peur d’échouer dans ma recherche d’un job qui m’est pénible, mais plutôt celle de jouer à contre-emploi et de devoir faire profil bas. Je suis comme une pièce d’un puzzle qu’on cherche à faire rentrer au mauvais endroit, coûte que coûte. On insiste, encore et encore, jusqu’à l’écraser pour qu’elle trouve sa place dans ce massacre organisé. Au final, je ne tiens plus debout, le puzzle ne ressemble à rien, c’est un échec sur toute la ligne
Michel fait l’erreur que l’on fait presque tous lorsque nous nous sentons déstabilisés. Il cherche à ne pas se faire remarquer, il se mélange à la masse et en perd toute sa saveur. Il a oublié qu’il a autant de chances, sinon plus, d’être découvert par une société que de la découvrir par lui-même. Au lieu d’être sombre, brillez Michel, brillez, et ne vous en excusez pas. «C’est vrai. Je n’avais jamais regardé la situation sous cet angle-là. J’ai une vraie valeur, mais mon créneau est si spécifique que je ne peux intéresser que des gens qui sont à la pointe de mon industrie. Au lieu de vouloir plaire à tout le marché pour ensuite faire le tri de ce qui me plait, je me sens plus à l’aise de faire l’inverse». Le voilà sur le bon chemin, le sien. «Je vais même forcer le trait en donnant à l’élite parisienne qui fait du « racisme anti-ricain » une caricature de ce qu’ils attendent. Il y a en effet plein de choses que je sais faire mieux que les autres, autant leur prouver qu’ils ont raison. Ceux avec qui je suis censé travailler pourront ainsi me repérer au plus vite, les autres, je ne les regarderai plus que dans mon rétroviseur». Il y a une part de risques que je dois lui signaler pour vérifier s’il est bien en phase avec ses désirs. Il en est conscient, mais quelles sont ses options ? Faire semblant ou être fidèle à lui-même. Il a choisi.
«Par contre, pour ne pas passer pour un guignol, je dois briller à l’extérieur sans sonner creux à l’intérieur. J’ai toujours eu en tête ce projet de créer un « hedge fund » différent des autres, grâce à une approche innovatrice que je n’ai jamais eu la chance de développer dans ma compagnie actuelle. C’est le moment où jamais de m’y mettre». Travailler dessus l’a mis sur orbite. Cela l’a libéré et l’a réconforté sur son potentiel, sur son parcours professionnel assez remarquable, et sur ses valeurs de vie dont il est fier. Je l’ai suivi quelques mois, à sa demande, pour mettre en pratique tout ce qu’il a appris sur lui. Avant d’essayer de changer qui l’on est et ce qui nous différencie des autres, défauts compris, essayons d’abord de faire avec. C’est généralement la voie à suivre, celle qui paye, celle qui gagne. Jeu, set et match.
Pour en savoir plus sur ce qu’est le coaching avec Nicolas Serres-Cousiné, visitez www.monlifecoach.com

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