Expatrié à Hollywood en 2012 après le succès mondial d’ “Intouchables”, Omar Sy s’était fait plutôt rare dans les médias depuis. Mais à l’occasion de la promotion de son dernier film “Samba”, qui sort sur les écrans américains cette semaine, l’acteur français a fait une exception.
Souriant et décontracté, il répond sans détour – et en anglais de son plus bel accent américain – aux questions du petit groupe de journalistes venus l’interviewer au très chic “Montage” de Beverly Hills.
“Certaines répliques sortent encore en français !”
“Je prends des cours d’anglais pour me perfectionner ! Le but étant de devenir un jour bilingue” explique-t-il en reconnaissant qu’il se ne sent pas encore totalement à l’aise dans la langue de Shakespeare sur les plateaux de tournage. “C’est même pour cela que dans Jurassic World (ndlr: en salles depuis la mi-juin et dans lequel il tient un petit rôle), certaines de mes répliques sortent encore en français !”
Une faiblesse linguistique qui ne l’empêche pas de multiplier les super-productions américaines depuis son arrivée. Outre son apparition dans “Jurassic World”, le public américain l’a notamment vu l’an dernier dans “X-Men: Days of Future Past”. En 2016, il sera même à l’affiche d’”Inferno” , le troisième volet de la saga Da Vinci Code de Ron Howard, aux côtés de Tom Hanks.
“Les choses vont très vite. J’ai fait beaucoup de choses en trois ans. Cela va au-delà de ce à quoi je m’attendais ! Ce qui est drôle, c’est qu’en tant que Français, on me fait jouer les rôles de méchants! Cela me donne l’opportunité de montrer une nouvelle facette de mon jeu d’acteur”.
“Aux Etats-Unis, je me sens libre comme un enfant”
C’est aussi le cas dans “Samba” , le dernier film d’Eric Toledano et d’Olivier Nakache (le duo gagnant d’ “Intouchables”), dans lequel il joue pour la première fois un vrai rôle de composition: celui d’un immigré clandestin sénégalais.
Voici la bande-annonce:
“Je me sens bien sûr des liens avec la question de l’immigration puisque mes deux parents sont eux-mêmes des immigrés. Mais leur histoire remonte aux années 60 et est très différente de la réalité actuelle. Du coup, j’ai beaucoup lu, je me suis documenté et j’ai passé trois jours avec des clandestins pour comprendre ce qu’ils ont vécu”.
Certaines scènes difficiles, dont une filmée dans une usine de recyclage, l’ont profondément marqué. “Ces gens étaient tellement courageux et dignes ! Cela m’a beaucoup ému et m’a vraiment donné envie de faire d’autres films de ce type”.
Mais lorsqu’on l’interroge sur son grand écart entre grosses productions hollywoodiennes et films français à portée sociale, l’acteur refuse d’opposer ses carrières américaine et française. “Pour moi, chaque plateau est unique. Tout dépend du réalisateur. Evidemment, ici, l’expérience est différente. Lorsque je joue dans des films aux côtés de super-héros ou de dinosaures, j’ai l’impression d’être projeté en enfance, du temps où je combattais les dragons ! En tant qu’acteur aux Etats-Unis, je ressens une grande liberté d’enfant”.
Malgré son succès naissant aux Etats-Unis, Omar Sy garde les pieds sur terre. A Los Angeles, il ne fréquente pas vraiment le star-system américain. “Ce qui m’intéresse le plus chez les acteurs que j’admire, c’est de tourner avec eux, tout simplement. Pendant mon temps libre, je préfère profiter de mes enfants et de ma femme. Ou bien recevoir la visite de mes frères et de mes amis”.
La facilité avec laquelle on rencontre des célébrités en Californie n’est pas non plus pour lui déplaire, surtout lorsqu’il s’agit de son acteur fétiche, Samuel Jackson. “C’était l’année dernière, au ComicCon de San Diego (ndlr:le plus grand rassemblement de comics aux Etats-Unis). J’étais sur le parking, je vois une voiture s’approcher. Samuel Jackson en sort et me dit “salut Omar”, en me serrant dans ses bras. Ca s’est passé très vite. Je n’ai même pas eu le temps de lui dire que je l’admirais. Je n’en revenais pas qu’il connaisse mon nom !”
Un possible retour en France
Omar Sy et sa famille se sont aussi très vite acclimatés à leur nouvelle vie à Los Angeles. “Mes enfants apprécient le lunch box préparé par papa-maman, plutôt que la cantine à la française ! Le matin, ils sont toujours heureux de partir à l’école !” confie-t-il.
Mais cette parenthèse californienne pourrait bientôt prendre fin. L’acteur réfléchit actuellement avec sa famille à la possibilité de rentrer en France, pour la scolarité de ses enfants. Sans pour autant faire une croix sur sa carrière hollywoodienne.
Dès cet automne, l’acteur sera d’ailleurs à l’affiche d’“Adam Jones”, une comédie anglo-américaine produite par les frères Weinstein, avec Bradley Cooper en chef parisien étoilé déchu qui tente de remonter la pente en lançant un nouveau restaurant à Londres. “Je joue encore le rôle d’un méchant !” lance Omar Sy, dans un grand éclat de rire.