Inenvisageable auparavant, photographier dans des conditions de faible luminosité devient possible à partir de la fin des années 1880. Les innovations techniques réduisent sensiblement le temps d’exposition, et les photographes vont alors pouvoir continuer à exercer leur passion même après la tombée de la nuit. Parmi les premiers à travailler de nuit, deux grands noms de l’époque, Stieglitz et Steichen, qui avaient d’ailleurs fait l’objet d’une exposition au MET il y a peu (voir notre article ici). Le premier photographie des scènes nocturnes urbaines (Reflections: Night, New York – 1897 ; An Icy Night – 1898), tandis le second préfère s’éloigner de l’agitation de la ville pour capturer notamment la forêt au crépuscule (Woods Twilight – 1899).
Grâce aux appareils plus maniables, aux pellicules plus rapides, et aux flashs plus répandus, la photographie nocturne devient un genre artistique à part entière au début du XXe siècle. Le Français d’origine hongroise Brassaï se fait un nom avec son ouvrage Paris de Nuit (1932), qui réunit des photos de rues parisiennes plongées dans l’obscurité. De l’autre coté de la Manche, Bill Brandt met à profit les coupures d’électricité du bombardement londonien, et dépeint la société britannique des années 30 et 40.
A l’instar de ces deux pionniers, d’autres photographes vont se mettre à chroniquer la vie nocturne urbaine, du brouhaha convivial de Little Italy (Diane Arbus, Sid Grossman) à l’élégance des soirées à l’opéra (Garry Winogrand). Toutes les figures de l’époque, de Berenice Abbott à Robert Frank, en passant par William Klein, Weegee et Diane Arbus, vont capturer pêle-mêle lampadaires étincelants, gratte-ciels scintillants et néons éblouissants. Les photographes de la deuxième moitié du XXe siècle vont quant à eux s’inspirer des techniques de surveillance policière et militaire (pellicules infrarouges, hélicoptères équipés de projecteurs puissants), pour essayer, comme leurs prédécesseurs en leur temps, de rendre la pénombre visible.
Night Vision: Photography After Dark
Du mardi 26 avril au dimanche 18 septembre 2011
En complément de l’exposition, le musée projète le film noir de 1950 Night and the City (Les Forbans de la nuit) de Jules Dassin vendredi 17 juin à 18h.
Du 26 avril au 30 Octobre (si le temps le permet), ne manquez pas non plus les sculptures abstraites en acier de l’Anglais Anthony Caro sur le toit du musée (Anthony Caro on the Roof).
Metropolitan Museum of Art
1000 5th Ave
New York, NY 10028
photo : Nightview, New York (1932) de Berenice Abbott
© Berenice Abbott/Commerce Graphics