Matisse, Picasso et les autres: la collection Stein au Met

Matisse, Picasso et les autres: la collection Stein au Met

Par Camille Hamet / Le 29 février 2012 / Agenda

Assise avec distinction, appuyée sur ce qui semble être une canne, elle tourne vers nous un visage éclaboussé de vert et de mauve, dans une expression à la fois intriguée et désinvolte. Ce visage est surmonté d’un élégant chapeau qui ressemble à une riche corbeille de fruits, et dont le bleu sombre se détache des couleurs pastel du fond. « La Femme au chapeau » de Matisse est sûrement l’une des toiles les plus emblématiques de la collection Stein. C’est en tout cas la figure de proue de l’exposition « The Steins Collect : Picasso, Matisse, and the Parisian Avant-Garde », qui rassemble 200 œuvres d’art au Metropolitan Museum of Art (Met) jusqu’au 3 juin.

Et pourtant, lorsque « La Femme au chapeau » est exposée pour la première fois au Salon d’Automne de 1905 à Paris, Leo Stein hésite longuement avant de l’acquérir. A l’époque, le tableau de Matisse est pour lui le pire barbouillage de peinture qu’il n’ait jamais vu. Mais, reconnaissant son caractère révolutionnaire, il finit par l’acheter…pour 500 francs. C’est le début d’une longue collaboration entre le peintre et la famille Stein, dont le travail de collectionneurs et les salons vont avoir un impact décisif sur la perception de l’art d’avant-garde, et plus particulièrement de ses figures de proue, Henri Matisse et Pablo Picasso.

La famille Stein

Leo Stein, sa sœur Gertrude, son frère Michael, et la femme de ce dernier, Sarah, s’installent à Paris au début du XXème siècle. Issus d’une famille juive américaine de classe moyenne, ils sont curieux, hautement éduqués, et parlent plusieurs langues. Bien qu’ils perçoivent de l’argent sur leurs investissements et leurs propriétés à San Francisco, ils sont loin d’être riches.  Et après avoir commencé par acheter des œuvres d’artistes comme Gauguin, Renoir et Degas, Leo, un collectionneur par nature qui est alors le meneur, décide de se rabattre sur des peintres plus jeunes et moins connus, et donc moins cotés.

Leurs œuvres sont accrochées aux murs de l’atelier de Leo et Gertrude au 27, rue de Fleurus et à ceux de l’appartement de Michael et Sarah au 58, rue Madame. Elles y attirent bientôt une foule de curieux – amateurs, peintres, collectionneurs, musiciens et écrivains – que les Stein reçoivent chaque samedi soir.  C’est là que se sont notamment rencontrés Matisse et Picasso, tous deux proches de la famille Stein. L’exposition du Met reconstitue l’atelier de la rue de Fleurus à l’aide de photographies prises entre 1904 et 1934, projetées sur les murs d’une pièce de la même taille.

Un Paris légendaire

L’exposition recrée ainsi l’atmosphère, faite d’art et d’amitiés, d’un Paris légendaire, récemment consacré au cinéma par le film de Woody Allen « Midgnight in Paris ». Mais, en retraçant l’épopée de la famille Stein et de sa collection disséminée, en démontrant son importance dans l’histoire de l’art moderne, elle place les œuvres elles-mêmes au centre de l’attention du visiteur. Sont réunies non seulement des pièces majeures, telles que « La Coiffure » (peinte successivement par Manguin, Matisse et Picasso) mais aussi des dessins et des études préliminaires, ainsi que des œuvres moins connues, celles du peintre Juan Gris par exemple.

Infos pratiques : 

« The Steins Collect : Picasso, Matisse, and the Parisian Avant-Garde » du 28 février au 3 juin, au Metropolitan Museum of Art, 1000 Fifth Avenue –  212-535-7710, www.metmuseum.org

 

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