Revue de presse. La Loi El Khomri a beaucoup d’opposants. Mais il y a au moins une personne qui lui trouve du bon: la journaliste du New Yorker Lauren Collins.
Dans un article publié le 24 mai, elle met en lumière une disposition peu connue de ce texte controversé: son article 25 relatif au droit à la déconnexion. Son objectif: “suggérer aux entreprises – suivant l’exemple de Volkswagen, qui éteint ses serveurs après le travail, et Daimler, qui autorise ses employés à supprimer automatiquement les e-mails reçus pendant les vacances – de négocier des politiques pour limiter les intrusions du travail dans les foyers des travailleurs (ou dans les bingo halls, les clubs de salsa ou n’importe quel endroit où ils se trouvent quand ils ne sont pas au bureau.”
Selon la journaliste, cet article “propose une solution face au problème des appels incessants, à tout moment de la journée, et aux boîtes mails saturées” . Avec l’essor d’internet et le développement des technologies de l’information et de la communication, ce phénomène peut “avoir un impact sur la santé des travailleurs”. “D’une certaine manière, la loi cherche à réglementer une question simple: personne ne veut travailler gratuitement. Mais il y a une dimension métaphysique séduisante dans l’idée de reconnaitre que tout – nos appareils et donc nous – ne peut pas être “on” en permanence. Que chacun à le droit de s’effacer de temps en temps. Le droit de se déconnecter est, en effet, le droit d’être oublié entre 6pm et 9am” , écrit-elle.
Pour Lauren Collins, cette disposition ne devrait pas être utilisée pour montrer que les Français sont paresseux. Au contraire. Louant la productivité française, elle note qu’ “en France, la vie personnelle n’est pas une entité passive, les restes d’une existence qui n’a pas été rongée par le travail, mais une entité séparée dont la souveraineté vaut le coup d’être défendue, même si cela veut dire de ne pas finir un tableur excel à l’heure. Une étude récente a trouvé que 67% des travailleurs américains ont ressenti des appels fantômes – ils étaient inquiets que quelqu’un voulait les joindre, même s’ils étaient libres. “Le droit de se déconnecter n’est pas un problème français, mais plutôt une réponse française à un problème contre lequel nous luttons tous” .
“Mais qu’adviendrait-il si nous mettions nos portables en mode silencieux, si nous laissions nos ordinateurs portables prendre la poussière pendant les vacances. Et si nous le faisions, serions-nous plus heureux ?” , s’interroge la journaliste. Le droit de se déconnecter “est une opportunité pour avoir un peu plus d’espace pour respirer et de réaliser que le monde ne va pas s’arrêter de tourner pour autant…”
Loi Travail: le droit à la déconnexion français fascine le New Yorker
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