L’occitan, langue morte? Certainement pas pour les NY’OC Trobadors. Artistes, compositeurs, anthologistes, poètes, répartis de chaque côté de l’Atlantique, ils se sont réunis pour faire revivre la culture occitane à travers trois résidences artistiques et une anthologie poétique.
La première présentation aura lieu ce dimanche 21 avril, au Bowery Poetry Club à NoHo, puis ils continueront leur travail et en présenteront une nouvelle version en Gascogne, dans le Sud-Ouest de la France.
Joan Francés Tisnèr, Jakes Aymonino, Pierre Joris, Domenja Lekuona et Nicole Peyrafitte sont tous trilingues (occitan, anglais et français). Leur rencontre et la décision de créer ensemble un projet multimédia, mêlant chants, textes, projections et danses de manière complémentaire, s’est faite de manière très naturelle. Ils partageaient tous les cinq ce désir de faire revivre la culture occitane et les créations artistiques extrêmement riches des troubadours du XIème siècle à nos jours. “Ce qui nous interpelle c’est que ces dix siècles d’écrits, personne n’en parle, pas même les médias, alors les gens ont tendance à croire qu’il n’y a pas eu de créateurs occitans“, explique Domenja Lekuona, chargée de la documentation du spectacle.
Car si beaucoup d’entre nous ont déjà entendu parler des troubadours, peu connaissent vraiment la culture occitane. Et c’est ce que reprochent nos cinq artistes au système français, “en France on ne parle pas des troubadours, alors que la poésie américaine a mis sur le devant de la scène l’importance de cette tradition occitane. Les Etats-Unis ont compris que toute création vient du brassage des cultures“, rappelle Pierre Joris, poète, traducteur et anthologiste installé à New York depuis cinquante ans.
Si leur projet est bien de faire connaître au public la poésie et la culture d’Occitanie, les artistes se défendent de tout passéisme. “Il y a eu une folklorisation autour des troubadours. Mais nous ne sommes pas en costume en train de faire des danses anciennes, nous sommes des troubadours cybernétiques, on ne fait pas dans la reconstitution“, précise Nicole Peyrafitte.
La scène new yorkaise les a accueillis à bras ouverts, et nos troubadours des temps modernes ont reçu le soutien de nombreuses associations d’envergure telles que le Poet House ou City Lore. “Ce pays est comme un bol d’air frais pour notre création. C’est une toute autre vision d’égalité, sans principe de hiérarchisation de cultures“, conclut Pierre Joris en souriant.
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