Les créatures cauchemardesques d’Octoputsch à Culver City

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Octoputsch, nous explique Anthony Jegu, c’est un terme inventé qui représente en même temps ‘octopus’, la pieuvre, symbole de multi-media-multi-création, et le putsch…la révolution!” Pièces murales dont surgissent tentacules et visages grimaçants, entre lesquels s’imbriquent des labyrinthes, des forêts de pierres et des fresques primales : nous sommes dans le monde d’Anthony Jegu, ou plus précisément dans son atelier perché sur les hauteurs de Malibu, où il habite depuis plus de trois ans.

Sculpteur professionnel depuis une dizaine d’années, Anthony Jegu a toujours été immergé dans son art : dessinateur depuis tout petit, le môme de la Place des Fêtes dans le 19ème arrondissement de Paris vit une enfance turbulente, et se réfugie dans son imaginaire. Adolescent, il devient un adepte du graffiti. C’est ce rapport au mur qui l’entraîne vers le Design, et développe son goût pour le bas-relief.

Pas d’autre école d’art pour Jegu que celle des rues de Paris : de ses premiers dessins sur des morceaux de bitume, il réussit à exposer ses sculptures bas-relief dans des restaurants parisiens. Pendant ces années, il travaille en parallèle pour la télévision, mène ses propres travaux de production, voyage à l’international, et rencontre plusieurs personnes notables qui lui offrent leur soutien pour qu’il puisse continuer à créer.

Aujourd’hui, il travaille également pour un studio d’effets spéciaux pour lequel il effectue du « compositing/map painting » ; une technique qui consiste à décomposer tous les éléments, toutes les peintures, et les recomposer dans l’image vidéo. “C’est un peu comme jouer au Légo, précise Jegu, je passais d’ailleurs des heures à y jouer quand j’étais gamin.

C’est de ce monde de Légos qu’il a tiré ses formes fétiches : les mosaïques, les fragments, les cellules, les têtes, et les visages. Il aimerait que ses créations soient habitées d’une foultitude de personnages. Il se dit d’ailleurs grand fan de Dostoïevski pour son imagination sociale fascinante, les rapports qu’il crée entre les gens, le tissu social qu’il tisse « aux limites de la science fiction ».

Comme source d’inspiration il évoque aussi les romans de Jules Verne et Asimov, ou bien les films de Miyazaki et le monde des esprits et du rêve. « Tout le monde pense que je fais de l’art maya ou aztèque, mais il s’agit plutôt de la culture des Yôkai. Quand je sculpte quelque chose, je pense souvent à leurs parades dans les légendes des cauchemars japonais. »

C’est d’ailleurs après un voyage au Japon qu’il découvre la résine ; il apprend cette technique de moulage en essayant de reproduire les figurines japonaises. S’en suit dix ans de recherche et d’expérimentations avec la résine: composition, pigmentation, assemblage, ponçage, gravure, sculpture, et peinture. “J’aime bien pouvoir jouer avec différents mélanges de résine ou de peinture, j’adore le fait d’avoir une technique qui m’est propre. C’est très long, mais au final, cela donne quelque chose qui pourrait ne pas venir de moi, mais d’un autre temps.”  Il nous montre le plus grand de ses moules: une nouvelle pièce d’environ 1m50 de hauteur, telle des blocs de ciments empilés qu’il transforme peu à peu en monde vertical habité par des milliers d’êtres troglodytes.

Les premières expositions américaines de Jegu ont eu lieu en octobre 2011 à Malibu. Il a exposé son travail plusieurs fois à Beverly Hills (magasin Minotti et Beverly Hills Art Show) et expose dorénavant à The Gallery, à Culver City.

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