"Le tout business class n'est pas mort"

"Le tout business class n'est pas mort"

Par Emmanuel Saint-Martin / Le 12 juin 2008 / Business

Lorsque l’Avion a commencé ses vols Paris-New York, l’an dernier, le secteur des compagnies “tout business” avait le vent en poupe. Cela n’a pas duré: trois compagnies, qui assuraient des vols Londres-New York ont déposé leur bilan ces derniers mois. Mais l’Avion persiste. La petite compagnie (lancée par des investisseurs privés, conduits par Benjamin de Rotschild) a désormais deux avions et deux vols quotidiens, toujours entre Orly et Newark.
Un troisième vol va être lancé le 19 juin grâce à un accord commercial avec Open Skies, filiale nouvellement créée de British Airways. Le vol sera opéré par Open Skies, entre Orly et JFK, en “partage de code” avec l’Avion.
Le secret de l’Avion: le business “low cost”. En serrant ses coûts, ce que ses concurrents n’ont pas su faire, la compagnie offre des tarifs très nettement inférieurs à la classe affaire des grandes compagnies. Interview de Marc Rochet, PDG de l’Avion.
French Morning: Vous êtes un survivant… Trois de vos concurrents, compagnie “tout business class” comme vous, viennent de disparaître (Silver Jet, Maxjet, Eos, toutes reliant Londres à NY). Comment pouvez-vous espérer survivre?
Marc Rochet: D’abord parce que ces trois compagnies sont mortes avant tout d’une gestion surprenante, avec des avions trop gros, une croissance déraisonnable. Nous, nous avons été beaucoup plus prudents, en consolidant avant de se lancer dans une croissance que l’état du marché ne pourrait pas soutenir. Résultat, nous n’avons pas de problème de cash.


French Morning: Tout le secteur de l’aérien souffre, au-delà des compagnies tout business. Ce n’est pas le meilleur moment pour développer une compagnie…
Marc Rochet: C’est vrai que ça nous pousse à la prudence, mais en même temps le ralentissement économique nous profite aussi: nous récupérons beaucoup de grands comptes qui cherchent à faire des économies sur leurs déplacements et viennent vers nous parce que nous sommes moins chers. Et cette clientèle est solide, elle ne va pas disparaître du jour au lendemain. Il y a un an, nous avions environ 55 % de passagers business et 45 % de particuliers et maintenant nous tendons vers 70% de business, ce qui est très positif.
Au total, notre croissance est forte. Malgré l’ajout d’un deuxième avion, en janvier, nous avons des taux de remplissages de 80 % (chiffres de mai, NDLR).
French Morning: A partir du 19 juin, vous commercialiserez des sièges sur Open Sky, nouvelle compagnie lancée par British Airways qui volera de Orly à New York. C’est l’accord avec vous qui leur a permis d’accéder à Orly. Est-ce que vous ne faites pas entrer le loup dans bergerie en aidant un concurrent à émerger?
Marc Rochet: C’est exact qu’ils sont à Orly sur un “slot” (créneau horaire) qui nous appartient, mais l’accord nous bénéficie aussi beaucoup. Nous offrons ainsi une troisième vol par jour, or la fréquence est très importante pour notre clientèle affaires, qui est en outre rassurée de nous voir soutenus par un grand nom comme British Airways. De notre côté, nous étoffons notre offre sans prendre le risque de lancer un troisième avion, puisque c’est Open Sky qui le fait.
French Morning: Est-ce que cette collaboration avec British Airways pourrait ouvrir la voie à des accords capitalistiques?
Marc Rochet: Pour l’instant rien n’est prévu, mais tout est ouvert dans l’avenir. Nous sommes intéressés par d’autres collaborations avec eux, c’est sûr.
French Morning: Avec votre taux de remplissage, êtes-vous rentable?
Marc Rochet: Nous ne brûlons plus de cash. Les coûts de démarrage ne sont pas encore amortis, mais cela se fait sur plusieurs années. Jusqu’à présent nous avons fait mieux que ce que prévoyait notre business plan. Avec la situation économique morose, disons que nous allons peut-être juste réaliser les objectifs du plan, mais nous avons de la marge.
French Morning: Les critiques, notamment aux Etats-Unis, se sont souvent émues des conditions d’accueil très spartiates à Newark, où vous n’avez pas salon dédié. Allez-vous améliorer cela?
Marc Rochet: Oui, bonne nouvelle! Nous allons avoir un nouveau salon, qui va se libérer à Newark. Il sera disponible peut-être dès fin juillet, au plus tard en septembre. Nous le partagerons avec Jet Airways.

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