Le Texas tout feu tout Flam

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« Dur », oui « dur » pour de jeunes francophones d’enchaîner sur une heure et demie de cours d’orthographe et de grammaire françaises en sortant de l’école américaine, ou de se lever le samedi matin presque aussi tôt que le reste de la semaine. « Dur », mais aussi très bénéfique, car ces rejetons d’expatriés francophones ont recommencé à échanger en français !

De zéro à plus de cent en un an

En effet, comme il n’y avait pas de programme de français langue maternelle au Texas jusqu’en 2010, bon nombre ne parlaient plus qu’anglais entre eux, au grand dam de leurs géniteurs. Mais les choses ont changé avec la création, à l’initiative des parents d’élèves, et avec le soutien du représentant de la circonscription à l’Assemblée des Français de l’étranger comme du Consulat, de deux programmes de Français langue maternelle (Flam) à Houston et à Dallas à la rentrée 2010. Le succès a été immédiat, l’effectif d’Education française Greater Houston passant ainsi de 35 à une centaine d’élèves en un an. A Dallas et Austin, les communautés francophones sont plus modestes, mais une association Education française s’est également créée dans la capitale texane l’an dernier. Au total, plus d’une centaine d’enfants de la maternelle au lycée travaille son français dans les trois principales communautés francophones de l’Etat.

Tous ne voient pas l’utilité d’une meilleure maîtrise de la langue de Molière. Ainsi, à Education française Austin, la petite Liliana avoue que c’est avant tout pour être avec ses copines de CM1 qu’elle veut se réinscrire l’année prochaine. Tandis qu’à 14 ans, Matthieu estime « se débrouiller suffisamment à l’oral » pour se passer de grammaire, de conjugaison comme d’orthographe, vu qu’il « n’a pas l’intention de repartir en France ». Mais « je suis contente de parler deux langues », confie pour sa part Castille, qui « espère avoir de bonnes notes l’année prochaine, en France ». Juste avant que sa copine Brune raconte fièrement comment, un jour, alors que l’institutrice de l’école anglaise lisait une histoire contenant des mots français, elle les a prononcés pour que toute la classe les répète après elle.

Alors, non, ces classes à niveaux multiples ne sont pas simples à gérer. Une enseignante reconnaît que, « par rapport aux intentions de départ, il faut s’adapter au rythme de chacun. Il y a des frustrations à gérer ». Mais, de sa part, cela témoigne surtout d’une volonté de faire toujours mieux. Car, partout, « les enfants progressent », se réjouissent en cœur les parents à l’origine de ces after-schools d’un genre nouveau. Et à l’issue d’une période d’adaptation de quelques mois, ils se plient volontiers à ces cours de français qui les distinguent de leurs camarades de classe anglophones, les aident à apprendre l’espagnol, voire à obtenir une place à l’université. « Cela représente énormément de temps et d’énergie, mais nous savons que ce projet est utile à l’ensemble de la communauté française », commente Geneviève Chiari, la présidente de Parlons français, l’association de Dallas, qui organise deux réunions d’information dimanche 15 avril à la Haggard Library de Plano (2501 Coit Road), de 14 h 15 à 16 h, et vendredi 27 avril à Dallas International School (17811 Waterview Parkway), de 18 h 15 à 19 h 30.

Multiples développements en vue

Après une deuxième année à seulement une dizaine d’élèves, la structure cherche à ouvrir un nouveau site à Irving, à l’Ouest de la ville, où se trouvent de nombreuses multinationales, et à recruter ses premiers enseignants professionnels (les cours ayant été jusque là assurés par des parents). Forte, elle, d’environ 80 élèves répartis dans sept lieux d’enseignement, Education française Greater Houston devrait en ouvrir « deux ou trois autres à la rentrée prochaine », informe la présidente de l’association, Martina Nerrant, qui a passé quinze ans à élever deux enfants aux Etats-Unis sans avoir connaissance du programme de consolidation du français de l’Agence pour l’enseignement du français à l’étranger. Alors même que ce dernier a servi de déclic à la création de Parlons français à Dallas et Education française Greater Houston, en faisant baisser les frais de scolarité (entre 800 et 1 400 dollars par an et par enfant pour deux à trois heures hebdomadaires).

A Austin, où la communauté francophone est plus modeste, la dynamique était autre, mais les enseignements ont démarré au mois d’octobre avec près d’une vingtaine d’enfants. Et là comme ailleurs, tout l’enjeu est maintenant de continuer à grandir en touchant de nouvelles familles sans, pour autant, remettre en cause ce qui a déjà été construit. A Houston, cela a supposé l’embauche d’une coordinatrice pédagogique ainsi que la mise en place d’une cellule recrutement et de coordinateurs par site d’enseignement. « Nous restons une association à taille humaine », rassure toutefois Martina Nerrant.

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