Le "Next40" vu des Etats-Unis, à quoi ça sert ?

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Créer une startup est difficile. Chaque journée est un combat. Ce genre de récompense est une tape dans le dos“, dit Nicolas de Rosen. Ce coup de pouce dont parle le PDG Amérique du Nord de l’entreprise française iAdvize, c’est le Next40, le nouveau label dévoilé en septembre par le gouvernement français pour soutenir les startups tricolores “qui ont le plus de potentiel pour devenir des leaders mondiaux de la tech“.
iAdvize, qui a levé 60 millions de dollars depuis sa création en 2010 à Nantes, fait partie des pépites sélectionnées pour figurer dans ce CAC 40 des startups. A la clé: meilleur accompagnement par l’administration, services dédiés, facilités de financements, possibilité de participer aux déplacements présidentiels et de formuler d’autres “voeux”… Les conditions pour pouvoir y prétendre ? Être une licorne (valorisation à plus d’un milliard de dollars), avoir levé plus de 100 millions d’euros sur les trois dernières années ou enregistré des revenus conséquents l’année fiscale passée notamment.
De nombreuses entreprises de la liste sont présentes aux Etats-Unis. Sept d’entre elles (HomeExchange, iAdvize, Klaxoon, Mirakl, Shift Technology, SigFox, Vade Secure), implantées à Boston et sa région, participeront à Good Wine, Good Tech organisé par la French Tech Boston le 21 novembre. Ce genre d’événement doit permettre de “faire vivre” cette initiative gouvernementale sur le sol américain, où peu de médias s’y sont intéressés. “Il y a eu peu de retombées presse pour le moment aux Etats-Unis, contrairement à la France”, reconnait Emmanuel Arnaud, co-fondateur du service d’échange de maisons et d’appartements HomeExchange et membre du Next40. Il est aussi le président du réseau French Tech Boston. “Le Next 40 permet de faire rayonner les entreprises françaises aux Etats-Unis et de rappeler qu’il n’y a pas que de bons vins et fromages en France. C’est un bon talking point“, explique-t-il.
Le Next40 pourra-t-il convaincre des investisseurs américains de mettre leurs billes dans les startups retenues ? Emmanuel Arnaud reconnait que le soutien du gouvernement aux entreprises en forte croissance “n’est pas du tout une approche américaine”. “Le Next40 est d’une certaine manière la reconnaissance d’un échec. Notre écosystème devrait être tellement dynamique qu’on ne devrait pas avoir besoin de cela. On manque encore d’exits en France. Mais cela est en train de changer, raconte l’entrepreneur. Tout ce qui est peut contribuer à mettre en valeur les startups françaises est une bonne chose“.
Pour iAdvize, qui veut réinventer l’expérience des relations-clients en faisant intervenir des robots et des experts, faire partie du Next40 a déjà eu des retombées concrètes en France, précise Nicolas de Rosen. La startup a reçu plusieurs candidatures de “talents français” à la suite de l’annonce de la sélection. Aux Etats-Unis, l’appartenance à un tel label peut permettre de renforcer la crédibilité d’une compagnie aux yeux de clients. “On peut utiliser le fait que c’est un label lancé par la France et Emmanuel Macron, poursuit-il. Le Next 40 est une marque facile à comprendre, toute fraîche. Il faut s’appuyer dessus pour construire le branding“.
Il y a un effet com’ très puissant qui bénéficie aux réussites françaises moins visibles que BlaBlaCar ou Datadog, abonde Emmanuel Arnaud. Depuis notre sélection, on a eu des appels d’investisseurs, de journalistes…“.
Parmi les quelques articles parus dans la presse américaine, une tribune publiée dans le Washington Post présente le Next40 comme un instrument du gouvernement pour conserver “ces compagnies dans le giron national“: “Cela n’est pas de nature à résoudre le problème plus large des startups françaises qui s’installent aux Etats-Unis pour être rachetées ou entrer en bourse“, écrit Lionel Laurent, éditorialiste.
J’aurais tendance à l’assumer, rétorque Emmanuel Arnaud. Si toutes les startups américaines faisaient leur exit auprès d’un fonds ou d’une entreprise chinoise, cela deviendrait un enjeu pour l’économie américaine. Les plus belles boîtes américaines ne le resteraient pas“. Le responsable de la French Tech Boston fait toutefois remarquer que la biotech, secteur porté à Boston par des startups françaises à succès, est largement absente du Next40.

Alexis Buisson
Alexis Buisson
Originaire de Saint Germain-en-Laye (Yvelines), Alexis s'est installé à New York en 2007, après avoir passé un an à Boston en échange universitaire. Il écrit pour plusieurs médias français et francophones (La Croix, Mediapart, Le Point, Télérama, La Tribune de Genève...) en plus de French Morning, dont il fut le rédacteur-en-chef de 2011 à 2019. Il est aussi l'auteur d'un guide sur la vie à New York, "S'installer à New York" (Éd. Héliopoles), et d'une biographie de la vice-présidente américaine, Kamala Harris, à paraître en 2022.

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