Le français se glisse dans les écoles publiques de NY

Date:

C’était «back to after-school» la semaine passée pour les élèves de P.S. 58 à Brooklyn. Rassemblés dans le grand auditorium de l’école, les enfants s’apprêtent à aller goûter, encadrés par deux enseignants et l’un des coordinateurs du programme. La bonne humeur semble de mise même si les encadreurs ont de petits soucis de dernière minute : «Normalement, il y a neuf élèves inscrits dans le groupe anglophone, et là, je n’en vois que cinq», fait remarquer Catherine Poisson, parent d’élève et Présidente d’EFNY (Education Française New York), l’association à l’origine des programmes after-school en français. «Les parents ont dû oublier que c’était la rentrée.»
Lancé en 2005 à P.S. 58 (Carroll Gardens – Brooklyn) et P.S. 41 (West Village), le programme a pour objectif d’offrir à des élèves francophones des enseignements en langue française, en dehors des horaires traditionnels de cours. «Ce sont des cours qui auraient très bien pu se faire dans un salon ou dans une cuisine. Mais nous avons pensé qu’il était mieux de le faire dans un cadre scolaire,» sourit Florence Poussin, Présidente du “Comité after-school” de l’association depuis l’été dernier. «Nous assistons à une véritable explosion du programme.»
En trois ans, le nombre d’établissements le proposant est passé de deux à dix – P.S. 234 (Tribeca), P.S. 70 (Astoria-Queens), P.S. 84 (Upper West Side), 158 et 183 (Upper East Side) sont venus allonger la liste cette année. La raison du boom? Un surcroît d’information et «une prise de conscience des parents», qui sont à l’origine de la création des programmes. «Jusqu’à présent, les initiatives d’enseignement du français étaient isolées. Désormais, les parents se rendent compte qu’il est possible de faire ça collectivement», selon Florence Poussin. EFNY envisage à présent de lancer des after-schools dans les middle-school.
Enseignant aux after-school de P.S.41 et P.S. 363, Jacques Moiroud vit cette croissance aux premières loges. À P.S. 41, deux enseignants supplémentaires ont dû être recrutés cette année et un groupe pour anglophones a été créé dans les deux écoles publiques pour répondre à la demande croissante de parents non-francophones souhaitant que leur enfant apprenne le français.
«UN PETIT MONDE EN FRANÇAIS»
Le contenu et la fréquence des enseignements varient avec l’âge des élèves: pour les enfants de 5-6 ans, des cours de deux heures par semaine mettent l’accent sur la découverte de la culture française; pour les enfants de 6 à 10 ans, deux cours de deux heures par semaine insistent davantage sur l’écriture, l’oral et la lecture.
Est-ce suffisant pour maintenir un niveau de français équivalent à une scolarité en établissement bilingue? «Cela dépend de l’attente des parents, répond Florence Poussin. Ils ont bien sûr la possibilité de faire plus s’ils le souhaitent. On leur donne des devoirs facultatifs à rendre chaque semaine. Et d’après le feedback que nous commençons à avoir, après trois ans, de la part des élèves qui sont rentrés en France, tout se passe bien.»
Côté parent, la formule semble plaire: «J’ai inscrit mes trois filles dans ce programme, dans l’espoir de voir leur français progresser et aussi pour leur donner des bases de grammaire, conjugaison, culture générale, histoire, géographie… », explique Yasmine Karrenberg, parent d’élève, en parlant du nouveau programme after-school de P.S. 234 à Tribeca. «Je pense que ça ne peut être qu’un plus pour leur éducation. Surtout que pour les grands francophones [6-10 ans], les classes ont lieu deux fois par semaine, donc un programme intense!»
Pour Céline Warshaw, mère de deux enfants, dont un de 8 ans inscrit à l’after-school de P.S. 363 depuis deux ans, les progrès sont réels. «L’autre jour, il m’a surprise en lisant un texte en français. Je ne savais pas qu’il savait lire en français», affirme-t-elle en parlant de son enfant de 8 ans. Selon elle, l’after-school permet aux enfants d’acquérir des compétences linguistiques qu’une pratique régulière, à la maison, ne pourrait leur offrir.
«Je ne peux pas être la maîtresse […] L’after-school leur permet d’apprendre des règles de grammaire, la lecture et surtout, de partager la langue avec d’autres francophones […] Mais c’est clair qu’ils ne pourront pas devenir bilingues si la pratique à la maison ne suit pas.» Comme beaucoup de couples binationaux, elle essaye de se rendre régulièrement en France pour plonger ses enfants dans la culture. Elle trouve dans le programme une porte d’entrée intéressante : «Je sais qu’avec le programme il peut se construire toutes les semaines un petit monde en français […] C’est important pour eux qu’ils comprennent leur maman et leur papa. »
La liste complète des after-schools d’EFNY:
-PS234 (Tribeca)
-PS70 (Astoria – Queens)
-PS41 (Greenwich Village) réservé aux élèves de PS41.
-PS363 (East Village)
-PS58 (Carroll Gardens, Brooklyn)
-PS10 (Park Slope, Brooklyn)
-PS84 (Upper West Side)
-PS183 (Upper East Side)
-PS59 (Midtown East)
-PS158 (Upper East Side)
Renseignements et contacts ICI

Article précédent
Article suivant
Alexis Buisson
Alexis Buisson
Originaire de Saint Germain-en-Laye (Yvelines), Alexis s'est installé à New York en 2007, après avoir passé un an à Boston en échange universitaire. Il écrit pour plusieurs médias français et francophones (La Croix, Mediapart, Le Point, Télérama, La Tribune de Genève...) en plus de French Morning, dont il fut le rédacteur-en-chef de 2011 à 2019. Il est aussi l'auteur d'un guide sur la vie à New York, "S'installer à New York" (Éd. Héliopoles), et d'une biographie de la vice-présidente américaine, Kamala Harris, à paraître en 2022.

Share post:

Subscribe

spot_imgspot_img

Popular

More like this
Related

Déborah Laurent : La carte Costco, ça vaut le coup ?

Vous arrivez aux États-Unis et vous entendez parler des...

Vie d’Expat : Depuis que je vis loin, ma sœur a repris le rôle qui m’appartenait

Les lecteurs de French Morning nous soumettent régulièrement leurs...

Laurent Saint-Martin devient ministre des Français de l’étranger et du Commerce extérieur

L’ancien ministre chargé des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, reste...

Déborah Laurent : Les bars pop-up Fêtes à tester jusqu’au Nouvel An

Plusieurs bars pop-up sur le thème de Noël prolongent...