A New York, les instructions des machines automatiques du métro sont disponibles en neuf langues, y compris en grec ou en coréen. Les bulletins de vote aux Etats-Unis sont traduits en vingt-huit langues, et l’examen du permis de conduire en quarante-trois. Selon les derniers chiffres du recensement, les Américains parlent 322 langages.
Mais le multi-culturalisme américain n’a pas que des amis. La puissance de l’espagnole, notamment, fait peur et certains éprouvent le besoin de protéger l’anglais qui, pensent-ils, est menacé. Depuis un an, plusieurs états et villes ont voté des lois qui en font la langue officielle.
La Pennsylvanie, le Michigan et le Delaware, ainsi que plusieurs villes, ont décidé que toutes les démarches administratives et les cérémonies devaient s’effectuer en anglais. Les documents officiels administratifs doivent être rédigé en anglais, sans obligation de traduction. Selon les sondages, 80% des Américains sont pour faire de l’anglais la langue officielle du pays. Le Sénat penche dans la même direction, mais plus prudemment. Dans le cadre de la loi sur l’immigration, il a adopté en mai dernier une mesure faisant de l’anglais la langue « nationale », afin de la « préserver et le renforcer ».
Le sujet mobilise au-delà des clivages traditionnels. Selon les défenseurs de ces mesures, une langue officielle constitue un dénominateur commun et unifie la société. Inciter les immigrants à parler anglais leur donne aussi plus de chances d’accéder à l’American Dream et de participer à la société. « C’est un moyen d’américaniser les immigrants » explique Rob Toonkel, représentant de l’association U.S-English qui milite pour faire de l’anglais la langue officielle au niveau national. Elle s’inquiète du gaspillage de l’argent consacré à la traduction des documents et du danger que représentent les conducteurs qui ne comprennent pas les panneaux sans dessins.
Selon les chiffres du recensement, plus de 15% des Américains ne parlent pas anglais chez eux. Les opposants à ces lois dénoncent des mesures discriminatoires à l’encontre les hispaniques. Pour Donna Lieberman, de l’Association des Libertés Civiques, elles sont « contre-productives et hypocrites pour un pays construit sur le melting-pot ». Les Etats-Unis, en tant que nation d’immigrants, se doivent de respecter les différentes cultures et langues. Imposer l’anglais revient à empêcher les immigrants d’accéder au travail, aux soins médicaux ou à l’éducation.
Mais les principaux intéressés, les immigrés, semblent d’un avis contraire. Selon un sondage publié le 5 décembre par Zogbi International, plus des trois quarts des immigrants vivant aux Etats-Unis sont favorables à l’adoption de l’anglais comme langue officielle.
A ce jour, vingt-sept Etats américains ont adopté l’anglais comme langue officielle. Dans le monde, les Etats-Unis sont une exception: 92 % des pays de la planète ont une (ou plusieurs) langue officielle.
La guerre de l'anglais a commencé
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Que proposent ces 27 Etats pour aider ceux qui ne parlent pas ou mal l’anglais ? Des formations sont-elles prévues ? Sont-elles payantes ?