« Autoritaire, hyperactif, impétueux, paranoïaque »… Pour la National Public Radio (NPR) ces adjectifs ne caractériseraient plus le président français, désormais considéré comme le « libérateur de la Libye ». Projeté au devant de la scène internationale avec ses initiatives politiques et militaires, Sarkozy a bien obtenu le soutien populaire tant attendu, notamment dans son pays. Outre les considérations autour de l’éventuelle stratégie politique visant à redresser la côte de popularité présidentielle, impossible pour les médias américains de ne pas comparer ce «retournement de situation» à la réaction américaine, nettement plus frileuse. Marc Ginsberg, ancien ambassadeur américain au Maroc, affirme dans un article du Huffington Post, que les Américains devraient faire preuve de «reconnaissance» envers Sarkozy, qui a incité le gouvernement Obama d’abord réticent à s’engager militairement. Un engagement d’ailleurs «impopulaire» outre-Atlantique, rappelle The Associated Press. Le Washington Post ne peut pas non plus s’empêcher de comparer les deux présidents : mais si tous deux devront faire face à des enjeux électoraux en 2012, ils «ne pourraient cependant pas être plus différents».
« Bernard-Henri Lévy a t-il fait entrer l’OTAN en guerre ? » C’est ce que se demande le New Yorker, dans un article faisant écho à celui de Slate et qui revient sur l’éventuel rôle « décisif » de l’« intellectuel » dans l’intervention militaire française, et même américaine, en Libye…
Mais si les Français soutiennent en majorité l’intervention libyenne, l’impopularité de leur président se fait toujours bien sentir dans les urnes. Et avec ces élections cantonales à un an des élections présidentielles, il n’est pas seulement question d’enjeux locaux, et les journalistes américains l’ont bien compris. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Wall Street Journal ne prend pas de pincettes : «les électeurs assènent un coup au président», peut-on lire dans un article, et l’UMP «subit un échec», titre un autre. Avec 36% des suffrages, soit presque le double des voix emportées par le parti au pouvoir, le Parti Socialiste, «grand gagnant de ce second tour» (Huffington Post), a indéniablement «remporté les élections», écrit le New York Times.
Mais la montée de l’extrême-droite, plus seulement dans les sondages cette fois, ne leur échappe pas non plus. Le quotidien consacre un autre article au parti qui «fait froid dans le dos» avec un reportage dans son « bastion » du Pas-de-Calais, Hénin-Beaumont. Entre analyses des stratégies politiques et témoignages d’électeurs FN, le NY Times conclut finalement : «la vie est dure à Hénin-Beaumont […], voilà pourquoi ils votent pour le Front National».
Une fois n’est pas coutume, le New York Times consacre son «Saturday Profile » à un Français. Le quotidien dresse le portrait d’un « passionné de la presse écrite » comme on n’en fait plus : Claude Angeli, rédacteur en chef du Canard Enchaîné (photo). Figure incontournable de l’hebdomadaire satirique depuis maintenant 40 ans, ce réfractaire aux avancées technologiques en tout genre (comble de l’excentricité pour le NY Times!) y livre la recette du succès d’un des seuls journaux qui résiste à la crise de la presse française.
Cinéma enfin, avec la sortie de Potiche dans les salles new-yorkaises vendredi dernier. Si on en croit les articles parus, la dernière comédie de François Ozon semble être bien partie pour plaire aussi au public outre-Atlantique. L Magazine met à l’honneur le réalisateur, en publiant dans son dernier numéro une interview de lui. Mais c’est évidemment Catherine Deneuve qui fait l’unanimité, à grand renfort de références aux classiques du cinéma frenchie qui plaisent tant aux cinéphiles américains. Tandis que le Wall Street Journal la décrit tout simplement comme « la plus belle femme du cinéma français », Vanity Fair admire la « beauté froide » de l’actrice de Belle de Jour et des Parapluies de Cherbourg. Tous se livrent au jeu des comparaisons: le magazine, qui titre « La Revanche d’une Blonde » (Legally Blonde) cite Brigitte Bardot, tandis que le New York Observer évoque Jeanne Moreau. Les deux bonnes raisons d’aller voir Potiche pour le New York Times ? L’affiche très « glamour » évidemment, avec en tête Deneuve mais aussi Depardieu, deux «monuments» au «charisme» inégalable. À un mois et demi du Festival de Cannes, le 7e art à la française n’a pas fini de faire rêver les Américains.