Paris-LA, LA-Paris, on ne sait pas encore quelle ville le Comité International Olympique va choisir pour accueillir les Jeux olympiques de 2024. En ce qui concerne le kayakiste Français Fabien Lefèvre, c’est déjà tout vu : ce sera Los Angeles.
Après avoir glané deux médailles olympiques – à Athènes et à Londres – ainsi qu’une multitude de titres mondiaux pour la France, Fabien Lefèvre, installé en banlieue de Washington depuis 2013, pagaye en effet désormais pour la bannière étoilée. La fédération américaine autorisant les résidents permanents à concourir sous ses couleurs, il a même déjà offert une médaille d’or à sa patrie d’adoption lors des Mondiaux de 2014.
Contacté par les organisateurs de la candidature de Los Angeles pour les JO de 2024, le Français fait partie de la commission consultative californienne au milieu des Carl Lewis, des sœurs Williams et autres Michael Phelps, en tant que spécialiste du canoë-kayak. « C’est un honneur d’avoir été sollicité, confie-t-il. J’ai été consulté pour la construction d’un stade d’eaux vives qui accueillera les épreuves de kayak. »
« Leur but est de faire une installation pour les JO qui soit ensuite exploitable. A Athènes, Pékin, Rio, toutes les installations ont été abandonnées ou fermées, ce qui fait que le kayak est toujours un peu sur la sellette pour rester dans le programme olympique, explique le champion. L’exploitation commerciale de ce type d’installation, c’est le point fort des Américains : ils arrivent à générer de l’activité sur le divertissement. Ils l’ont prouvé à Charlotte, avec le seul stade d’eaux vives au monde qui, à ma connaissance, gagne de l’argent. » Et de souligner le contraste avec Paris 2024 : « Là-bas, sans les subventions, je ne vois pas comment ça pourrait être rentable. »
20 ans de haut niveau
Outre cette participation à l’organisation de LA 2024, Fabien Lefèvre n’écarte pas l’idée de tenter sa chance pour Tokyo 2020. En tant qu’Américain cette fois, grâce à une naturalisation espérée pour 2018. Mais, après 20 ans de haut niveau, les JO ne sont plus forcément la priorité de notre kayakiste. « J’ai eu la chance d’avoir des résultats, je ne suis pas frustré de ma carrière, dit-il. Je continue à m’entraîner, mais sans pression du résultat, c’est que du bonus. Et puis bon, 2020 c’est loin… »
A un âge – 35 ans – où la fin de carrière se profile aussi rapidement que la nécessité d’une reconversion, Fabien Lefèvre est en réalité en pleine transition, amorcée en 2012 suite à sa non-qualification pour les JO de Londres.« C’était une fin de cycle avec l’équipe de France, je ne m’entendais plus avec le staff… Bref, je ne me sentais pas de repartir pour quatre ans jusqu’aux JO suivants, raconte-t-il. Je voulais aussi trouver un équilibre entre sport et carrière. »
Coaching sportif
Il décide alors de changer d’air et traverse l’Atlantique en 2013 avec femme et enfants (4 et 10 ans). La famille se pose à Bethesda – pour sa proximité avec les rives du Potomac bien sûr, mais aussi pour ses écoles publiques. « C’est un pays où tout est possible : il n’y a qu’à voir le président actuel ! »
Côté sport, le changement est rude : fini le soutien de la fédération, l’encadrement de l’équipe de France et surtout le financement des sponsors, il faut se débrouiller tout seul. Côté travail, pour faire bouillir la marmite et financer sa passion, le Français a rapidement trouvé sa voie dans le coaching sportif.
Pour ce qui est du canoë-kayak, il n’a peut-être pas fini de faire parler de lui. Double médaillé d’or aux championnats des Etats-Unis fin 2016, « the only French U.S. champion » pourrait se laisser tenter par une participation aux prochains mondiaux qui se tiendront en septembre à Pau, dans son ancien centre d’entraînement. Comme pour boucler la boucle.
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