Joris Lacoste a toujours eu un faible pour tout ce qui sort du cadre. Et le travail qu’il présentera au French Institute Alliance Française (FIAF) du 10 au 13 octobre, sort vraiment du cadre. Le concept : utiliser l’hypnose comme moyen de création artistique. “Je m’intéresse beaucoup à toutes les formes de la parole et j’ai un intérêt pour les rêves depuis très longtemps, raconte l’artiste. L’idée était alors de conjuguer ces deux intérêts.
Depuis 2004, dans le cadre de son projet Hypnographie, Joris Lacoste réalise pièces radiophoniques, spectacles et performances à l’aide de l’hypnose. Pour son spectacle intitulé Le Vrai Spectacle (2011), il a même hypnotisé un public de 200 personnes au Centre Pompidou à Paris. Pour lui, l’hypnose sert à révéler la performativité de la parole, c’est-à-dire la capacité de cette dernière à produire des effets visuels, auditifs ou tactiles. “Je me suis rendu compte que quand on raconte une histoire à quelqu’un sous hypnose, il l’entend, la vit de manière beaucoup plus intense. La personne est littéralement plongée dans une fiction. Elle va la vivre comme dans une situation réelle.”
A l’occasion du festival Crossing the Line du FIAF, Lacoste a conçu une nouvelle performance intitulée 4 Prepared Dreams. Lors de quatre séances individuelles, il hypnotisera les artistes April March, Annie Dorsen, Tony Conrad et Jonathan Caouette et les soumettra à des scenarii préparés à l’avance. Par la suite, les artistes partageront leur rêve et leurs impressions dans une conversation avec lui, devant le public. Les histoires scénarisées sont toujours interprétées et modifiées, parfois même complètement transformées par les hypnotisés.
Comme Lacoste et les artistes ne discutent ni pendant ni après la séance individuelle, leur conversation constitue une découverte pour tout le monde : l’hypnotiseur, l’hypnotisé et le public.” La fiction inventée par la personne est très mesurable car je sais ce que j’ai raconté et l’on voit la plus-value de la fiction produite, dit-il. Quand on est sous hypnose, on produit de la fiction”.
Lacoste souligne que sa performance au FIAF est risquée, car on ne peut pas savoir ce qu’il va se passer. “La plupart du temps, rassure-t-il en souriant, il se passe des choses folles.”