Affichage officiel, spots télévisés, règles contraignantes sur l’égalité du temps de parole : ce lundi 9 avril marque le début de la campagne officielle. La présidentielle française, « hargneuse et torturée » selon The Christian Science Monitor, continue à remplir les pages de la presse américaine. Laquelle vire… à gauche. La preuve : le portrait que le site d’information brosse de Jean-Luc Mélenchon. Selon CSM, il serait l’incarnation de « la voix authentique de la Révolution Française », d’un « nationalisme d’extrême gauche qui peut attiser les foules ». Le bouillonnant candidat du Front de Gauche aurait parfaitement compris les attentes des Français, lui : ni « l’identité nationale » ni « l’arrestation des musulmans » mais « l’emploi, le logement et les retraites ». Il « agite ses poings, méprise les élites et appelle à une insurrection civique », note le Monitor. François Hollande aussi intéresse. Selon le Washington Post, « l’anodin-monsieur-tout-le-monde intellectuel » a « beaucoup de choses que le président actuel Nicolas Sarkozy n’a pas ». A commencer par une certaine adéquation avec la culture française : « Hollande, 57 ans, puise dans une population française qui se méfie de la finance internationale, lasse de Nicolas Sarkozy « bling bling » ». « M. Nice Guy » doit pourtant se méfier du « charismatique Mélenchon » qui « complique le calcul politique ». Le journal conclut tout de même que la France semble prête « pour un président socialiste.»
Pas de jaloux, « Lucky Sarko » (titre d’un article sorti lundi 9 avril dans le Huffington Post) aurait une bonne étoile perchée sur la tête. L’article donne trois raisons qui le prouvent. Premièrement, l’affaire Strauss-Kahn l’aurait sauvé. Deuxièmement, « le drame de Toulouse » l’a aidé. Et troisièmement, son discours droitier trouve un écho dans l’opinion publique française. Ainsi, pour le site, la xénophobie serait «croissante » en France et il y aurait des « préjugés » contre les musulmans. Dans « les années 30 », la droite a fait « des juifs, les ennemis de l’humanité » et aujourd’hui « les coupables présumés sont des musulmans», note le HuffPo.
Un constat avec lequel Steven Erlanger, correspondant du New York Times à Paris, serait sans doute d’accord. Dans un article, il donne la parole à un musulman français: M. Haidari, adjoint au maire pour la jeunesse et aux sports dans les 1er et 7eme arrondissements de Marseille et membre du PS. Celui-ci souligne que « la classe politique dans son ensemble à un problème avec l’islam ». La France, dont le modèle républicain est censé être incompatible avec le communitarisme à l’américaine, finit par le recréer chez elle: « La discussion permanente autour de l’islam fait que les musulmans se sentent encore plus ancrés qu’avant dans une identité distincte. » Il faut d’ailleurs croire que ce modèle américain a du bon, car le Times ne manque pas de noter que M. Haidari a effectué en 2010 un voyage à Chicago sur invitation de l’Ambassade des Etats-Unis. Et bien sûr « c’étaient les meilleures semaines que j’ai jamais passées », partage-t-il.
Du modèle républicain, laïc, français, il en est également question dans l’édition américaine du site d’information Slate, à travers l’article controversé de Rachael Levy, « Juif ou français: il faut choisir ». La journaliste américaine qui a vécu ces quatre dernières années en France s’attaque à la laïcité: « Ce que les Américains croient souvent être la simple version française de la séparation de l’Eglise et l’Etat est en fait diamétralement opposée à la liberté de religion américanisée. Bref, tandis que les Américains valorisent la liberté de religion, les Français valorisent être libérés de la religion ». Ainsi, parce qu’elle engendrerait l’ignorance entre les confessions, la dévotion « presque religieuse » du pays à la laïcité serait une « explication partielle du racisme et de l’antisémitisme » qui gangrènent la société française. Et de retracer des décennies de déclarations et d’actes implicitement ou explicitement antisémites pour conclure que la tuerie de Toulouse, dans un collège juif de la ville, n’était pas une surprise pour elle: « Quand j’y habitais, la France semblait être un baril d’intolérance têtue. Si cela est vrai presque 70 ans après l’Holocauste, il n’y pas de raison de penser que cela s’arrangera». Sans surprise, l’article a suscité une avalanche de réactions, dont celle d’Eric Leser, un des fondateurs de Slate, sous la forme d’une tribune intitulée « Français et juif, ma réponse à «Juif ou français, il faut choisir». « Je suis juif, je suis bien plus âgé que Rachael Levy et suis profondément attaché à mon pays et à la laïcité. » Il répond point par point aux arguments de l’auteure en défendant la laïcité, qui « a pour immense vertu de faire sortir cet affrontement (entre des religions qui par definition detienne toutes LA vérité) de l’espace public».
je suis absolument choquee: etre juifs OU francais? cela veut dire quoi??????