La nuit tombe sur Central Park. Au cinquième étage d’un luxueux appartement de Fifth Avenue, seules résonnent les notes du piano d’Hélène Tysman et du violon de Virgil Boutellis-Taft. Devant un public de connaisseurs, les deux jeunes virtuoses français donnent un concert privé chez Charles Fisher, fils du pionnier de la radio et grand mécène des arts new-yorkais Avery Fisher. Ils brillent par leur interprétation exaltée d’oeuvres de Brahms, Poulenc ou Liszt, violentes et délicates à la fois. Ils n’avaient répété qu’une fois, quelques heures plus tôt.
“Tout doit se faire très vite“, précise Hélène Tysman, qui ne ressent pas encore les effets du décalage horaire. Loin de l’appartement feutré du couple Fisher, un tout autre défi – et un tout autre public – attend la jeune Française le 1er novembre. Elle jouera au Lincoln Center en soliste, avec le Riverside Symphony Orchestra.
De Schubert à Chopin en passant par le compositeur contemporain Paul Lansky, Hélène Tysman présentera un répertoire varié dans ce spectacle, “Romance in the Air”, titre qui fait référence au “côté extrêmement lyrique” selon elle, des compositeurs choisis.
C’est la première fois que la musicienne, diplômée du Conservatoire de Paris, se produira en soliste sur la prestigieuse scène de l’Upper West Side, avec le chef d’orchestre George Rothman. Elle se dit “très heureuse” de jouer notamment un morceau de Gabriel Fauré, compositeur français de la fin du XIXe siècle “peu populaire en France et très rarement joué à l’étranger“. “Je trouve courageux d’avoir programmé Fauré aux Etats-Unis. C’est une oeuvre au langage à part, inaccessible. Il s’est inspiré de Chopin“, explique Hélène Tysman.
C’est d’ailleurs Chopin, “maître absolu de l’harmonie“, qui aura marqué la carrière de la jeune femme, lauréate du Concours Européen Chopin en Allemagne puis du Concours International Chopin à Varsovie, et l’aura amenée à côtoyer des grands noms comme le pianiste polonais Piotr Paleczny. Pour elle, l’oeuvre de Chopin regorge de “possibilités infinies” dans laquelle elle adore se replonger.
Après l’Europe et la Chine, l’enthousiasme d’Hélène Tysman touche les Etats-Unis. En 2012, la souplesse de son jeu séduit le jury de l’International Keyboard Institute and Festival à New York. Le prestigieux MacKenzie Price lui ouvre les portes de l’Alaska. Mais, pour des problèmes de visa, la pianiste doit renoncer à un concert là-bas.
Un épisode “violent” qui connaîtra malgré tout un “happy end”. En mai 2014, à l’occasion du lancement au Consulat de France de la French American Piano, une association fondée par Mathieu Petitjean qui promeut les échanges artistiques entre la France et les Etats-Unis, Hélène Tysman rencontre le directeur du Riverside Symphony Orchestra. “Sans ces difficultés, je ne l’aurais jamais rencontré et n’aurais jamais eu la chance de jouer au Lincoln Center“, ajoute-t-elle. Le reste, c’est de l’histoire…
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