Hélène Conway-Mouret, ministre déléguée chargée des Français de l’étranger, était à Miami les 31 octobre et 1er novembre 2013 à l’occasion des “French Weeks Miami”. Nous l’avons rencontrée pour une interview exclusive.
French Morning: De plus en plus nombreux en Floride, les programmes bilingues des écoles publiques locales font face à un manque de moyens devant une demande toujours plus forte des parents. Vous aviez évoqué « souhaiter un soutien des entreprises » concernant l’enseignement bilingue. Où en est-on de ce coté ?
Hélène Conway-Mouret: Ici en Floride, j’ai entendu un message très clair de la part d’un bon nombre de Français de cette volonté de multiplier l’offre de l’enseignement français car la demande est en forte augmentation. J’ai ainsi demandé à Monsieur l’Ambassadeur et Monsieur le Consul Général de se saisir de ce sujet et de travailler sur un projet d’augmentation de l’offre que nous pouvons faire selon la demande locale car chaque pays à une demande différente. En Floride, l’enseignement bilingue est quelque chose qui est très porteur pour nous et nous allons mettre un groupe de travail afin de faire remonter des propositions.
De plus, en janvier prochain aura lieu à Paris la première rencontre ministérielle au niveau décisionnel, pour une réunion stratégique entre certains ministères : celui des affaires étrangères, de la francophonie, du budget, de l’enseignement supérieur et bien sûr celui des Français de l’étranger. Nous souhaitons bien montrer que ce que nous faisons pour le primaire et le secondaire n’est pas isolé et que nous ne pouvons réfléchir de façon limitée. Nous avons une volonté d’avancer de manière stratégique.
Vous avez supprimé la prise en charge des frais de scolarité pour les lycéens (PEC) scolarisés dans des établissements agréés (ceux qu’on appelle les “lycées française”). La promesse était alors de transférer cet argent vers les bourses sur critères sociaux. Or ces bourses ont aussi baissé pour beaucoup de familles…
La PEC n’était pas soutenable financièrement et était une mesure parfaitement injuste car elle apportait finalement un soutien financier à ceux qui n’en avaient pas besoin. Aujourd’hui, les finances publiques ne sont pas suffisamment abondées pour être d’une générosité qui va au-delà de la demande. Mais dans la foulée il fallait aussi repenser le système d’aide à la scolarité car lui aussi était devenu injuste avec le temps puisque plus les points de charge étaient élevés plus la famille recevait une aide. Si bien que les familles très dispendieuses recevaient une aide très importante. Avec cette reforme nous avons donc procédé a un rééquilibrage à la fois des pays mais aussi des familles.
Aujourd’hui cette réforme prend en compte les revenus réels des familles. Nous sommes donc capables par le biais des commissions locales des bourses d’attribuer au plus près des besoins des familles les crédits dont nous disposons et qui pour la première fois aussi sont en augmentation assez importante sur les 3 ans à venir. Nous avons une visibilité budgétaire qui n’a jamais existé jusqu’à présent. Nous sommes passés de 93 millions à 110 millions et nous passerons à 118 millions puis aà 125 millions.
Et aujourd’hui sur l’ensemble du réseau des parents d’élèves m’ont confirmé que la réforme est une réussite. Nous attendons la fin de cette année, la Commission Nationale des Bourses au mois de décembre pour tirer le bilan global. Cette année est une année pilote et si nous devons procéder à des ajustements, nous les mettrons en place avec les services concernés.
French Morning: Le député de la circonscription Amérique du Nord, Fréderic Lefebvre, assure que 500 000 à 1 million de français vivent aux Etats-Unis et que 3.000 Français s’installeraient tous les mois à Miami. Pouvez-vous confirmer ces chiffres ?
Hélène Conway-Mouret: Trois mille français qui arriveraient chaque moi à Miami, cela ferait trente-six mille français de plus à la fin d’une année! Ces chiffres sont quelque peu excessifs. Sur l’ensemble des Etats-Unis, nous dénombrons environ cent mille français et trois-cent mille estimés. Mais il y a effectivement un mouvement mondial où les Français sont plus mobiles. Ils viennent aux Etats-Unis comme ils vont dans d’autres pays.
De quel type d’expatriation s’agit-il ?
Nous pouvons qualifier cette expatriation de professionnelle puisque beaucoup utilisent l’international comme tremplin comme première expérience. Parfois afin acquérir un certain nombre de compétences qu’ils ne possèdent pas et revenir en France afin de pouvoir accéder à un poste plus élevé. Ceci s’inscrit dans un plan de carrière mais qui aujourd’hui n’est pas limité aux frontières hexagonales.
Aujourd’hui comment peut-on qualifier le développement des échanges économiques entre la France et la Floride ?
Ils sont bons, voire excellents dans certains domaines. Nous avons beaucoup à partager. La France a une expertise et un savoir faire très apprécié dans certains domaines par nos amis américains tel ce que Bouygues a réalisé à Miami avec la construction du tunnel et de la création prochaine d’un centre commercial. Mais d’autres secteurs sont également très prisés: l’aéronautique, la santé, la pharmacie, les produits de luxe, l’agroalimentaire. Les échanges ne peuvent qu’augmenter avec les flux de plus en plus importants d’Américains qui viennent en France et de Français qui arrivent aux USA.
Helène Conway-Mouret: "l'aide à la scolarité était devenue injuste"
Par Audrey Solvar / Le 2 novembre 2013 / Actualité
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