Aux Etats-Unis, les e-books représentent près d’un quart des ventes de livres – et les prévisions de croissance de ce marché pour les années à venir atteignent 21% par an. En France, ce marché est bien plus petit – moins de 3% des ventes.
C’est pour cela que Nicolas Princen, qui vit entre Paris et New York, a décidé de lancer Glose en priorité aux Etats-Unis. Sa plateforme, qui est à la fois un site et une application pour tablette et mobile (iOS et Android) permet d’acheter et lire des e-books. Il l’a rendue publique fin 2014 aux Etats-Unis, et signé des contrats avec des éditeurs, lui permettant de mettre sur son site 500.000 titres (en anglais), achetables à l’unité.
Concurrencer Amazon ou Apple
Un modèle différent, donc, de Scribd ou d’Oyster, des start-ups bien établies dans ce milieu, qui fonctionnent avant tout sur des modèles d’abonnement mensuel, avec accès à un contenu illimité. En réalité, Glose aimerait grignoter des parts de marché à Amazon ou Apple, qui vendent des e-books à l’unité.
“Faire une plateforme qui pourrait concurrencer Amazon ou Apple paraît un peu fou. Mais le marché est immense, nous faisons quelque chose de différent, et nous ne sommes qu’au début de la lecture numérique”, affirme le jeune homme, qui a été pendant près de cinq ans le conseiller sur le numérique de Nicolas Sarkozy à l’Elysée.
La marque de fabrique de Glose, c’est la possibilité de personnaliser et partager ses lectures. Car lorsqu’il s’agit de lire un e-book, ce que Nicolas Princen regrette, c’est de ne pas pouvoir surligner, partager des passages, faire réagir d’autres lecteurs… Des réflexes d’étudiant bon élève, que cet ancien normalien et diplômé de HEC aimerait conserver.
Sur Glose, on peut en un clic surligner, poster des extraits sur les réseaux sociaux, se créer une liste de citations personnelles, commenter des passages d’un livre et répondre à d’autres membres de la plateforme, se constituer une bibliothèque... Il est aussi possible de créer des “groupes de lectures”, des cercles privés ou publics, décrit Nicolas Princen, qui s’est bâti, sur son profil Glose, la bibliothèque parfaite du jeune entrepreneur : biographies de Steve Jobs et d’Elon Musk, études de cas d’Harvard.
“Remédier à l’inefficacité de la lecture”
“Avec Glose, on veut remédier à l’inefficacité de la lecture par laquelle on oublie beaucoup et on ne partage rien de ce qu’on lit. On a voulu créer un endroit pour conserver cette matière intellectuelle et faire un meilleur usage de son temps de lecture”, résume-t-il lors d’une présentation de son site au Consulat de France à New York. “L’ambition, c’est de créer une communauté de lecteurs qui partagent autour du livre.” Mais pas n’importe quel livre, le livre où les auteurs puissent commenter certains passages et discuter des interprétations de leur prose avec leurs fans.
Partenariats avec des entreprises ou des universités
Pour dégager des revenus, Glose, qui compte actuellement six personnes entre Paris et New York, perçoit un pourcentage sur les ventes de chaque livre (le nombre de ventes est à ce jour confidentiel).
Mais face aux géants du secteur, cela n’est pas suffisant. D’autres pistes sont à l’étude, comme des partenariats avec des entreprises dans le cadre de leur formation continue, ou avec des universités pour rendre accessible des e-books anotables aux étudiants. « Dans certains programmes, comme les MBA, la grande valeur des cours réside dans les conversations qui ont lieu en classe, et une plateforme comme Glose permettra aux élèves de garder la trace de tout cela. »
“Traquer” les lectures
Autre piste : la valorisation des données. En amassant des informations sur les lectures des gens, Glose pourrait aussi utiliser ces informations pour mieux comprendre les comportements des lecteurs. Un professeur d’université pourrait ainsi savoir quelles ont été les pages les plus lues dans le livre qu’il a confié à ses élèves, les passages les plus soulignés ou discutés.
En attendant de se lancer en France d’ici la fin de l’année, le fondateur de Glose s’est fixé un objectif : trouver de l’argent auprès d’investisseurs. Et potasser l’essai “Mastering the VC game”, qui traine dans sa bibliothèque virtuelle sur Glose.
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