Gérard Michon, candidat anti-Lefebvre

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“Un élu, c’est un peu comme une super assistante sociale: moi, les problèmes des Français des Etats-Unis, je les connais sur le bout des doigts”. Après bientôt 31 ans passés sur le sol américain – dont 17 en tant qu’élu de l’Assemblée des Français de l’Etranger (AFE) -, le candidat dissident UMP Gérard Michon joue à fond la carte de l’expatriation. Une façon aussi d’attaquer frontalement celui qu’il juge comme son principal adversaire : Frédéric Lefebvre, parachuté par la parti présidentiel en novembre dernier, dans la nouvelle circonscription d’Amérique du Nord.

A la différence du secrétaire d’Etat et ancien porte-parole de l’UMP, Gérard Michon, 55 ans, est un peu tombé dans la potion magique de la politique par hasard. “La loi de l’inertie est une constante chez moi”, explique cet ingénieur polytechnicien tout en rondeurs, au faux-air de Jean-Pierre Raffarin. Ce Normand d’origine, né à Bordeaux, est arrivé en août 1980 à Los Angeles. “Je suis venu avec une bourse du Ministère de l’industrie dans le cadre d’un échange avec UCLA, pour y finir ma dernière année de Télécom. Puis je suis resté l’année suivante comme assistant du professeur Judea Pearl (ndlr : père de Daniel, journaliste assassiné au Pakistan)”. Doctorat en 1983, post-doc, création d’une petite entreprise de publication de logiciels : de fil en aiguille, “le provisoire est devenu définitif et j’ai oublié de rentrer”.

La politique par hasard

En 1984, cherchant à se rapprocher des cercles français dont il s’est éloigné, Gérard Michon participe à la création de la section RPR de Los Angeles. “C’était le parti le mieux organisé à l’étranger, à l’époque”. En 1994, après les décès successifs de deux élus de la liste sur laquelle on l’a incité à se présenter, il devient représentant des citoyens français de la Côte Ouest au Conseil supérieur des Français de l’étranger (CSFE), auquel l’AFE a succédé. “Je ne voulais pas être en position éligible. Pour moi, la politique, c’est un sport de vieux. Quand on débute, on met simplement son énergie au service de ceux qui ont fait leurs preuves”. Renouvelé en 1997, 2003 et 2009, il a vite fait d’attraper le virus de la politique. Aujourd’hui, il compte bien donner du fil à retordre au chouchou de l’UMP, quitte à être “suspendu” par le parti présidentiel. “Il me semble indispensable qu’il y ait parmi les futurs députés une forte proportion d’élus locaux qui connaissent viscéralement les dossiers du terrain. Ce n’est apparemment pas l’avis de l’appareil du parti qui préfère la méthode du parachutage”, ironise-t-il, un brin amer.

Un suppléant canadien et centriste

Issu de la tradition gaulliste, Gérard Michon se méfie toutefois des étiquettes. “C’est très français. Aux Etats-Unis, il arrive que les Démocrates votent avec les Républicains et inversement. Cela ne choque personne”. Il vient d’ailleurs de choisir comme suppléant, un franco-canadien centriste dont il devrait bientôt annoncer le nom. “C’est un bon équilibre car je connais très bien les Etats-Unis mais moins le Canada”.

En vrai Geek, Michon mise à fond sur sa campagne Internet – sa page Facebook, très active, compte plus de 450 soutiens -, ce qui lui a valu récemment le surnom de “candidat 2.0” par Le Canard U.S, un blog politique humoristique consacré aux législatives en Amérique du Nord, parodiant Le Canard Enchaîné sur la toile.

Son slogan de campagne ? “Un grand pays démocratique doit permettre à ses expatriés de voter avec leurs pieds”. Pour lui, le droit à la mobilité est fondamental et l’amalgame entre expats’ et évadés fiscaux“inacceptable”.Tous les problèmes nationaux auxquels sont confrontés les citoyens français ont une couleur particulière à l’étranger” estime Gérard Michon. Parmi ses priorités : les problèmes familiaux et légaux, causés par l’éloignement, “des sujets clefs, un peu techniques, qui ne sont malheureusement pas très à la mode”. Il cite, entre autres, la question de la mise sous tutelle de Français âgés dont les familles vivent à l’étranger, les problèmes de succession, de divorces ou encore la possibilité d’une double résidence principale (en France et à l’étranger).

Mon pays, c’est la France

En matière d’éducation, il soutient à 100 % la politique de prise en charge (PEC) mise en place par la France dans les lycées français à l’étranger. “Le PS estime que l’on aide injustement des parents qui auraient les moyens de payer. Moi, je pense d’abord aux enfants. Aider des jeunes à passer leur bac, c’est un signe fort envoyé aux jeunes générations qui resteront ainsi attachées à la France. Et puis, en supprimant la PEC, on court le risque de vider les classes et de porter un coup économique au système éducatif français à l’étranger”. La santé des expatriés ? Gérard Michon reconnaît l’inadéquation de la Caisse des Français de l’Etranger (CFE) au système de santé américain. “Malheureusement, lorsque l’on choisit de s’expatrier, il faut aussi accepter que le système du pays d’accueil soit différent et parfois moins avantageux”, estime-t-il, fataliste.

Et, bien qu’il défende le principe de double nationalité pour les autres, Gérard Michon fait de la résistance à l’idée de devenir citoyen américain. “J’adore les USA, mais mon pays, c’est la France”.

 

Crédit photo: Hugues Vassal

  1. French Morning est en general “serieux” et faire reference au Canard US qui n’est autre que le faux nez de G Michon, ne semble pas tres pro.
    G Michon est tout sauf un candidat serieux, et pour se donner de l’importance il se compare a un Ministre… risible si ce n’etait pas pathetique.
    Il ferait bien de s’arreter avant d’etre ridiculise, et surtout ruine (une deuxieme faillites?) car pas rembourse de ses frais de campagne.
    Vite Mr Michon, transmettez a vos “canettons”! 

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