Le Grand Canyon, c’était leur rêve d’enfant. L’ouverture de la boulangerie-pâtisserie FrenchIfornia, le 2 août à Pasadena, c’était la concrétisation d’un rêve d’adulte.
Après plusieurs séjours touristiques dans l’Ouest américain avec son compagnon, Thomas Dumont-Girard a décidé de jouer à la loterie de la carte verte en 2013. En conservant précieusement le secret. Ironie du sort, c’est le nom de son partenaire, Guillaume Delcourt, qui a été tiré.
“On n’a pas réfléchi 5 minutes”, avoue Guillaume Delcourt, qui était angoissé par son faible niveau en anglais. “On est de nature à bouger. Et cela faisait 7 ans que l’on vivait à Montpellier (Thomas Dumont-Girard travaillait à Paris et faisait les aller-retour). On avait envie de prendre un risque. Alors, on a tout vendu: maison et mobilier”, raconte Thomas Dumont-Girard, alors responsable et gestionnaire de projets à l’ACOSS à Paris (agence centrale des URSSAF).
Mais une fois le sésame remporté, cela n’a pas été de tout repos. “Pour que l’on puisse en bénéficier tous les deux, il a fallu que l’on se marie rapidement”, rappelle Guillaume Delcourt, qui travaillait dans l’équipe technique d’entretien d’une importante société immobilière. “Heureusement, c’est l’année où le mariage gay a été légalisé en France”. En plus de cela, ils ont dû remplir un dossier de 300 pages, passer une visite médicale, chercher une équivalence pour que les formations professionnelles de Guillaume Delcourt soient reconnues aux Etats-Unis, prendre rendez-vous à l’ambassade… Ce qui les a amené au mois de janvier 2016.
Une fois le VISA et la “Green card” tamponnés, ils établissent un projet d’expatriation qui se concentre sur la formation de pâtissier de Guillaume Delcourt, même si son dernier emploi dans ce secteur datait d’il y a 15 ans. “Et la cuisine, ça nous connaît”, assure Thomas Dumont-Girard, qui estime qu’“il faut travailler beaucoup trop pour gagner peu d’argent”. Ensemble depuis 18 ans, ils quittent alors leur vie montpellieraine confortable pour l’aventure californienne en janvier 2017. “Il y a une vraie liberté, tout est possible en Californie.”
San Francisco, Palm Spring, Marina Del Rey, Denver (l’exception), San Diego, Manhattan Beach : autant de destinations qu’ils envisagent. Après de nombreuses tergiversations, les jeunes quadragénaires élisent boutique à Pasadena par un concours de circonstances, et grâce à la ténacité d’un commercial. “Sans compter que ce quartier de Los Angeles est proche des montagnes, de la nature, ce qui nous convenait mieux.”
Mais le parcours du combattant se poursuit : même si l’emplacement nécessite peu de travaux, le couple doit se contenter d’un budget serré. “Il fallait certifier tout le matériel. Et pour faire face à une visite surprise de l’hygiène, Guillaume a dû passer un diplôme de manageur d’hygiène”, détaille Thomas Dumont-Girard. “On a obtenu 100% de propreté.”
Les détails réglés, ils mettent la main aux fourneaux. Seuls en boutique, ils se partagent les tâches, et se soutiennent mutuellement quand le réveil sonne à 4 heures du matin, et après les 13 heures quotidiennes de travail. Guillaume Delcourt revendique une cuisine artisanale, à base de produits français ou locaux, comme la farine organique d’Utah et le beurre du Vermont.
Viennoiseries, pains, macarons, sandwiches à base de fromage et de jambon, quiches, éclairs salés : FrenchIfornia propose une carte succincte, mais approuvée par une clientèle déjà fidèle. “Notre produit phare est le pain suisse (à base de crème pâtissière et de pépites de chocolat), les clients en sont fous.” Mais leur plus grande fierté reste les macarons, qui sont régulièrement comparés positivement à ceux de Bottega Louie, une référence à Los Angeles. “Voir ça nous donne des frissons”.
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Pour moi, c’est pas un couple, c’est un duo.