Dans La Peste publié en 1947, Albert Camus évoque la ville d’Oran en Algérie décimée par une épidémie de peste. Ce livre est considéré comme une métaphore de la résistance française sous l’occupation nazie (la peste) pendant la Seconde guerre mondiale. Francis Huster avait reçu de nombreuses récompenses en 1990 pour avoir interprété l’adaptation du roman en pièce. Il donnera sa 700e représentation le 3 mars au FIAF (French Institute Alliance Française) en avant-première à New York, avant Boston et Washington.
French Morning : Comment en êtes-vous venu à jouer ce texte ?
Francis Huster : Albert Camus avait fait une adaptation théâtrale de son texte avec une mise en scène de Jean-Louis Barrault après guerre, mais cela avait été un échec. A la fin de la répétition générale, Camus et Barrault se sont jurés de le refaire mais interprété par un acteur seul et ce devait être Camus. Il avait d’ailleurs déjà enregistré sur un disque le début mais il mort trop tôt. Des années après, Barrault m’a demandé de faire La Peste seul.
Pourquoi ce texte est-il si important pour vous ?
Je n’ai pas rencontré de texte de cette puissance qu’avec Hamlet avant. C’est une pièce qui parle des hommes, de la mort, de l’attitude des hommes vis-à-vis de Dieu, est-ce qu’il existe ou pas. Quand je l’ai joué pour la première fois en France il y a 20 ans, ce texte avait une force extraordinaire car comme dans la pièce on était envahit par une nouvelle peste, le sida. Aujourd’hui, le texte a à nouveau une forte résonnance. Cette peste c’est la révolution physique d’abord avec la terre qui en train de craquer et pas seulement avec les tremblements de terre en Haïti et en Nouvelle Zélande. Et c’est aussi une peste morale avec les révolutions dans tout l’Orient.
Est-ce un exercice plus difficile de jouer seul sur scène autant de personnages différents ?
Jean-Louis Barrault considérait que quand on faisait une pièce à plusieurs, c’était comme le Tour de France. Jouer seul c’est comme le marathon. On est face à soi-même, on ne peut pas tricher. Il faut vraiment aussi être en accord avec le texte.
Qu’est-ce que New York représente pour vous ?
Je suis déjà venu à New York et j’avais adoré ça car j’avais cru être à l’intérieur d’un film. J’étais venu tourner le film « Another man, another chance » (1977) de Claude Lelouch. Les studios Paramount m’avaient d’ailleurs proposé un contrat mais je suis retourné en France pour faire ma carrière à la Comédie Française. New York est le miroir exact du monde : quand on est ici on sent la vibration de ce que le monde est. C’est un arc-en-ciel de ce qu’est le siècle lui-même. L’Europe détient l’Histoire, le passé, l’Amérique détient l’avenir. Je suis fier de faire entendre la voix d’Albert Camus, des grandes œuvres à New York et ailleurs.
Quand : Jeudi 3 mars à 20h – durée : 1h30
Où : FIAF · Florence Gould Hall; 55 East 59th Street, NYC
Renseignements et tickets sur le site internet du FIAF.
Francis Huster seul avec Camus
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