La dolce vita caractérise, pour beaucoup, la douceur de vivre à l’italienne. Pour Horace Bertaux et Anne-Lise Guichaoua, ce terme est synonyme de business. Le couple de Français a créé Westart à Los Angeles, une société au travers de laquelle ils vendent leurs scooters électriques Dolc-e-Vita et les produits dérivés Bord de mer (doudounes, serviettes de plage, casquettes devraient arriver à l’été 2020). Pour présenter leurs marques au public, ils ouvriront officiellement les portes d’un showroom, le dimanche 9 février.
Au départ, ils avaient l’idée de développer un service de trottinettes électriques dans la cité des anges, à l’instar de ce que faisait leur ami Nicolas Goldzahl -créateur de l’émission E=M6- à Paris. Mais, quand ils débarquent en mars 2018, il est déjà trop tard. Les Lime et Bird ont déjà commencé à envahir les rues de la ville. “Un tsunami arrive concernant les déplacements urbains, les Américains sont prêts à passer le cap de l’électrique, à utiliser des transports alternatifs. Un changement de mentalité s’opère”, s’enthousiasme Horace Bertaux. “A Los Angeles, le climat est propice, les rues sont larges et sécurisées et les pistes cyclables se multiplient”, ajoute-t-il, concluant son argumentaire. Le couple de Bretons décide alors de se concentrer sur un autre mode de transport : les scooters électriques. Pour cela, il s’associe à 2Twenty, lancé par Nicolas Goldzahl.
“Aux Etats-Unis, il n’y a pas de mot pour scooter. La seule référence est Vespa. Nous voulons que les générations futures utilisent Dolc-e-Vita à la place.”
Le couple commercialise un modèle qu’il nomme Dolc-e-vita. Il rappelle les scooters rétro iconiques des années 70 dans son esthétique, et combine la technologie moderne (phare LED, moteur électrique, frein à disque avec double piston). Produit en Chine et vendu au prix de base de 4.000 dollars (sans les taxes), il a la particularité de disposer d’une batterie en lithium amovible, lui permettant de rouler pendant 35 miles. “Les scooters seront bientôt customisables, avec notamment des roues blanches”, vend Horace Bertaux, novice dans le secteur.
Une aventure entrepreneuriale et personnelle
Avant de se dédier aux deux-roues, le Breton a développé le métier de “general contractor” en France dans les années 90, au travers de la société Facet -revendue en 2016. Anne-Lise Guichaoua a, de son côté, entrepris une première reconversion, passant de l’industrie pharmaceutique aux sciences humaines. Depuis leur rencontre, il y a une dizaine d’années, ils nourrissaient ensemble le projet de démarrer une aventure entrepreneuriale à Los Angeles. “Un rêve de gosse” démarré sur fonds propres, assure Anne-Lise Guichaoua, qui, plus jeune, avait été expulsée de la cité des anges pour y avoir travaillé illégalement.
Mais le rêve américain est semé d’embûches pour les deux sexagénaires. “Faire certifier le produit avec la norme antipollution EPA, obtenir les autorisations du DMV -qui multiplie les erreurs-, ce fut le parcours du combattant”, reconnaissent-ils. A cela, il fallait aussi ajouter les difficultés en raison de leur absence de “credit score”, de numéro de sécurité sociale et les taxes de 25% imposées par Donald Trump sur les produits chinois. Mais ils voient le verre à moitié plein : “la réglementation californienne est tellement stricte qu’on n’aura aucun soucis à vendre nos produits dans les autres Etats américains.”
Et ils croient à une croissance à l’échelle nationale. “Il y a 2-3 ans, seulement 5.000 scooters étaient vendus sur les Etats-Unis. On est à un moment charnière, les ventes de motos augmentent de 5% par an”, claironne Horace Bertaux. Pour se développer, il veut s’associer avec des distributeurs de vélos électriques pour obtenir des points de vente. “Puis, pour toucher plus massivement, on veut lancer une franchise, ce pourquoi on a créé une identité forte”, ajoute Anne-Lise Guichaoua.
Ce ne sont pas les seuls à vouloir faire la différence sur ce nouveau marché : Vespa prévoit notamment une sortie américaine de son modèle électrique aux allures contemporaines. Une concurrence qui n’effraie pas les Bretons, qui croient autant en leur produit qu’aux galettes de leur région natale.