Depardieu, fuite et fin

Depardieu, fuite et fin

Par Matthias Keil / Le 18 décembre 2012 / Actualité

Revue de presse. Vous avez aimé le feuilleton Bernard Arnault, vous adorerez la saga Gérard Depardieu.

La semaine dernière, la polémique autour de l’exil fiscal supposé de l’acteur a enflé avec la publication, par le Journal du Dimanche, d’une lettre ouverte signée de la star pour justifier son geste. “Je pars parce que vous considérez que le succès, la création, le talent, en fait, la différence, doivent être sanctionnés. Je vous rends mon passeport et ma sécurité sociale, dont je ne me suis jamais servi », écrit-il dans cette missive adressée à Jean-Marc Ayrault.

Le Wall Street Journal resitue l’affaire dans un contexte plus large. “Les augmentations d’impôts par le gouvernement (…) ont incité certains résidents aisés à songer à quitter la France pour des pays où les impôts sont réduits. Parmi les parties les plus controversées du budget de 2013 se trouve un impôt à 75% pour ceux qui gagnent plus de 1 million d’euros.” Le New York Times analyse le choix de l’acteur en s’amusant : “On soupçonne largement Depardieu d’être plus attiré par le code des impôts belge que, par exemple, la météo.”

Tandis que Bloomberg Businessweek titre “Les riches de France réfléchissent sur leur choix face à l’austérité : fuite ou lutte ?”, le Hollywood Reporter souligne que le déménagement de Depardieu “à quelques pas de la frontière française, a été critiqué tous azimuts dans les médias français”.

“Jean-Marc Ayrault a appelé le départ de l’acteur antipatriotique et “pathétique”, tandis que le Ministre du Travail, Michel Sapin, le considère comme le signe d’une “forme de déchéance personnelle”. La Ministre de la Culture Aurélie Filippetti a dit qu’elle était “scandalisée” par la décision de Depardieu de rendre son passeport. ‘La nationalité française est un honneur’, a-t-elle dit sur BFM-TV”, résume le Washington Post. Mais le journal tente aussi de calmer le débat : “Il est difficile de savoir si Depardieu se rend compte que sa proclamation ne pourrait être, en fin de compte, qu’un geste symbolique, car il est difficile de renoncer à être citoyen français. Selon le Code civil, il faut avoir une autre nationalité afin de pouvoir renoncer à la nationalité française.”

Le New York Times, quant à lui, rappelle que la fuite des riches de France n’est pas nouvelle. “Des célébrités françaises quittent le pays pour des raisons fiscales depuis des années, et il n’est pas tout à fait clair comment les politiciens et les médias sélectionnent ceux qu’ils vilipendent (…). Le chanteur Johnny Hallyday (…) a habité en Suisse depuis des années et a même demandé la nationalité belge. Il joue toujours à guichets fermés en France. L’acteur Alain Delon vit, lui aussi, en Suisse (…). Apparaissant dans un talk-show populaire cette semaine, on a demandé à M. Delon de commenter le choix de M. Depardieu. Il a souri et a dit: «Soyons sérieux, je ne peux pas me permettre de porter un jugement.» Tout le monde riait.”

Enfin, la carrière de Depardieu est loin d’être terminée. Comme le souligne le Washington Post, l’acteur jouera prochainement dans un film réalisé par Abel Ferrara. “Depardieu incarnera l’ancien chef du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn.” Une autre gloire nationale.

DSK et autres réjouissances médiatiques

C’est justement sur l’affaire DSK-Diallo que le site d’information The Daily Beast revient dans un long article. “En 10 minutes ou moins, une femme de chambre venue d’Afrique a changé l’histoire du monde”, s’exclame le site. Pour Christopher Dickey, l’auteur de l’article, cette affaire n’a rien changé aux mœurs sexuelles des Français. “Pourquoi penserions-nous que les Français, de tous les peuples, changeraient la façon dont ils jouent le jeu de l’amour, de la séduction et de l’intimidation simplement parce que l’un de leurs responsables politiques s’est fait prendre ? (…) Le changement n’est pas à trouver dans les mœurs de la France, mais dans son histoire géopolitique et économique. (…) Si Strauss-Kahn s’était porté candidat au poste de président, il aurait gagné. Le président sortant, Nicolas Sarkozy, était si impopulaire que même le candidat socialiste mou François Hollande a réussi à le battre.”

Pour l’auteur, une victoire de DSK aurait néanmoins entraîné des conséquences importantes. “Si DSK avait triomphé, il aurait emporté ses manières lubriques tout droit dans le Palais de l’Elysée, et Dieu seul sait ce qu’il aurait fait sur son bureau avec, à la clé, le troisième plus grand arsenal nucléaire (…). Mais, ironie du sort, parce que DSK était Ministre de l’économie à Paris et un administrateur exceptionnel du FMI à Washington, il aurait été dans une posture bien plus forte et sûre pour guider son pays et son continent vers la sortie du grave pétrin dans lequel ils se trouvent.”

Rétrospective des scandales politiques

Outre l’affaire DSK, The Daily Beast présente les scandales politiques de l’année dans un autre article intitulé “Grâce aux politiques mesquines de la France, c’est déjà Noël pour les amateurs de scandales.

“D’après les chiffres, le pays n’est pas très heureux. Mais pour les médias français, déplorant toujours la disparition électorale de l’ancien président-enfant-terrible Nicolas Sarkozy, cela ressemble beaucoup à Noël, observe le site d’information. Depuis des semaines, le paysage politique de la France a été une sorte de calendrier de l’avent surréaliste de non-sens, avec des gaffes quotidiennes, du scoop, ou des scandales derrière chaque porte.” Commençant avec la polémique Fillon-Copé, le site énumère tous les couacs politiques de 2012. “Une élection ratée pour le leadership du centre droit le 18 novembre a viré à la farce.” Le PS aussi en prend pour son grade. « La période de première dentition du gouvernement socialiste a été difficile – d’un Ministre de l’Education qui voulait donner le  feu vert au cannabis à un ministre pour le redressement productif prenant à cœur son titre d’emploi de type soviétique, menaçant de démissionner si Paris refusait de nationaliser une fonderie d’acier malade.”

Après avoir évoqué l’affaire du tweet de Valérie Trierweiler et celle de Jérôme Cahuzac, ministre délégué chargé du budget, accusé d’avoir un compte bancaire en Suisse, le site en vient à la conclusion suivante : “Et pourtant, en dépit de toute la joie que la saison de Noël a amené pour tempérer l’ennui post-Sarkozy des médias français en manque de scandale, il reste une longue tradition de Noël: convoiter les cadeaux des voisins. La pelouse, paraît-il, est toujours plus verte de l’autre côté. Des Alpes ». Mais cette pelouse, quelle est-elle ? Et le site de répondre : « Un certain Silvio Berlusconi.”

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