Célibataire à New York: "J'en ai marre, je rentre en France"

Célibataire à New York: "J'en ai marre, je rentre en France"

Par Alexis Buisson / Le 28 août 2015 / Actualité

Pour Cécile (prénom changé pour cet article), c’était le “salaud” de trop. “Il était Américain, voulait une relation ouverte, non-exclusive, comme ils disent ici. Il ne voulait pas s’engager, comme tous les hommes dans cette ville. Je n’avais pas compris ça car il ne me l’a jamais dit. De toute façon, je ne comprends rien à leur système de dating” , lâche la Française, autour d’un café, désabusée.
Cécile, 36 ans dont dix à New York, a donc décidé de tirer les conclusions de cet échec, en raccrochant les gants. “J’en ai marre. Je rentre en France. Je ne peux plus perdre mon temps. ”
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Quand on demande aux Français impatriés pourquoi ils sont revenus, la majorité (59%) met en avant des “motifs professionnels” , 21% des “motifs familiaux” et 18% invoquent “une nouvelle expérience en France” selon un récent rapport sur l’impatriation. Mais à New York, une ville où trouver l’âme sœur est aussi difficile que de trouver un magasin ouvert le dimanche en France, le célibat est souvent invoqué, directement ou indirectement, par les Françaises et Français célibataires qui souhaitent rentrer au bercail.
retour en france
New York a beau être une ville “géniale” , “exceptionnelle” , “magique” , “excitante” , elle est bien moins vivable sur le long terme, voire carrément insupportable, sans “M. ou Mrs Right” . C’est une ville qui défie l’horloge biologique et nargue le mariage. Une ville où, comme l’a décrite une amie, “on vit dans un état d’adolescence prolongé, hors du temps” .  Selon l’American Community Survey de 2011, 41,7% des femmes de plus de 15 ans à New York n’ont jamais été mariées, contre 38,7% en 2006 (46,7% des hommes de plus de 15 ans n’ont jamais été mariés, contre 43,4% en 2006).
“Le besoin d’appartenir quand on est expat'”
On peut mettre en cause les chiffres – on nous répête qu’il y a plus de femmes célibataires que d’hommes, même si des statistiques viennent montrer le contraire – mais c’est plus compliqué que cela, selon David Buss, un professeur de psychologie de l’Université du Texas spécialisé dans l’evolution de la sexualité humaine.
Des apps comme Tinder ou OkCupid donnent l’impression qu’il y a des milliers voire des millions de partenaires dans la nature, explique l’expert dans un long article de Vanity Fair sur la culture du hook-up. Cela a un impact sur la psychologie des hommes. Quand il y a un surplus de femmes, ou un surplus perçu de femmes, tout le système de relations s’oriente vers le dating de court-terme. Les mariages deviennent instables. Les divorces augmentent, les hommes n’ont plus à s’engager, donc ils développent des stratégies de dating de court-terme. Les hommes sont ceux qui font ce changement, et les femmes doivent s’adapter si elles veulent s’accoupler” .
Les différences culturelles entre Français(es) et Américain(e)s n’arrangent rien. “Chez les expatriés, il y a la pression d’appartenir. Les Françaises qui viennent ici se disent qu’elles vont rencontrer un Américain, mais elles se rendent compte que l’inclusion est limitée, qu’il n’y a pas la même profondeur de sentiments. Elles sont deçues, prises de court” , résume Vivian Jacobs, une psychothérapeute qui travaille avec de nombreux expatriés. “Les Américains se méfient aussi de la réputation volage des Français” .
“Agonie”
Des Françaises célibataires désespérées de ne pas trouver l’âme sœur, le life coach Nicolas Serres-Cousiné (qui est aussi chroniqueur pour French Morning) en a écoutées quelques-unes – quatre pour être précis. Toutes étaient “vraiment à l’agonie” . “Elles étaient venues pour réussir professionnellement. Elles étaient de vraies Françaises de 30 ans, intéressantes, brillantes, marrantes, sortant de grandes écoles… Elles étaient sûres et certaines de rencontrer quelqu’un à New York, mais au fur à mesure, elles ont trouvé le dating à l’américaine de plus en plus insupportable. Elles ont essayé le dating à la française, mais étaient devenues tellement dures qu’elles faisaient fuir les Européens et les Américains qu’elles rencontraient.
Toutes les quatre sont rentrées en France, et trois d’entre elles ont trouvé quelqu’un, précise le life coach, qui travaille avec des expatriés français aux Etats-Unis et ailleurs. “Le célibat est rarement la raison invoquée pour rentrer en France, mais c’est souvent une raison sous-jacente, poursuit-il. Le conseil que je donnerais, c’est de suivre son cœur, et surtout pas la raison” .
“J’avais besoin d’avancer”
Jérôme, 37 ans, a lui aussi fini par suivre son cœur. Après avoir enchainé huit ans de “bons moments” à New York, il a décidé de se retirer. Après plusieurs déceptions, et une situation professionnelle qui ne lui convenait plus, il a quitté la ville pour tenter l’aventure en Europe.
Aujourd’hui, il prépare son mariage avec une belle Espagnole. “J’avais fait le tour de New York. J’avais besoin d’avancer, de construire quelque chose. Je sentais que je ne pouvais pas le faire à New York” .
“Mon célibat à New York m’a permis de vivre des choses”
Pour lui et d’autres, quitter New York a été payant, mais cela ne veut pas dire que “the one” vous attendra nécéssairement à l’aéroport de votre prochaine destination en vous tendant une alliance. Maud, 32 ans, six ans à New York, le sait : elle n’est pas sûre de trouver quelqu’un en France. En tout cas, elle sait que les Américains ne sont pas pour elle. Et cela lui suffit. “En France, je sais que je vais trouver des hommes avec lesquels je partage les mêmes valeurs, la même culture, les mêmes codes” .
La perspective de repartir célibataire de New York ne la gêne pas. “Je ne regrette rien. Venir ici m’a ouvert l’esprit, m’a permis de vivre des choses que je n’aurais pas vécues si j’étais restée en couple en France. Je ne suis pas sûre que se mettre en couple jeune est une bonne idée non plus” , dit-elle.
Je ne sais pas si je vais trouver quelqu’un en France, abonde Cécile. En tout cas, New York n’est plus pour moi. C’était une belle parenthèse, que je dois refermer” .
 

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