Cédric Klapisch : New York, "métaphore du monde entier"

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Cédric Klapisch : New York, "métaphore du monde entier"

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C’est dans une petite salle de projection cosy, dans le bureau du Cohen Media Group à New York, que se déroule la rencontre. Six larges fauteuils de cinéma emplissent la pièce, et une affiche de “Casse-tête chinois” est installée sur un chevalet.
Détendu, Cédric Klapisch semble serein. Il sort tout juste d’une interview, et le prochain journaliste l’attend déjà. Sourire aux lèvres, il se prête au jeu des questions-réponses avec une bonne humeur contagieuse.
“Casse-tête Chinois”, le troisième volet de la saga des aventures de Xavier (Romain Duris), se déroule à New York, ville chérie du réalisateur. On retrouve l’écrivain à  40 ans, père de famille, en pleine rupture dans son couple. Wendy, son ancienne compagne, s’éprend finalement d’un Américain et emménage à New York avec leurs enfants. Xavier déménage à son tour afin de rester près de sa famille, et débarque dans la Grosse Pomme sans visa, sans travail, sans logement.
Le premier film était sur l’Europe, le deuxième film était un peu sur les frontières de l’Europe et pour le troisième film je voulais montrer une image de la mondialisation”, explique Cédric Klapisch.
New York en toile de fond, “une évidence”“Si il y a une ville qui représente le monde, c’est New York. C’est une métaphore du monde entier. J’ai l’impression qu’il n’y a pas d’autre ville au monde si mélangée dans les langages, les cultures. Y a le monde entier dans New York”.
C’est à 22 ans que le cinéaste découvre New York pour étudier le cinéma à la NYU. Depuis, il revient dans la Grosse Pomme régulièrement, environ tous les trois ans. “J’ai filmé le New York d’aujourd’hui. J’ai passé sept mois à écrire le scénario. J’étais dans New York pour redécouvrir la ville et j’ai vu à quel point elle était différente. Je me suis plus basé sur ce que j’ai vu aujourd’hui que sur une espèce de nostalgie de l’époque des années 1980”.
Le film est plus intime qu’il n’y paraît au premier abord. Ce n’est pas dans la comparaison entre son personnage principal et son expérience personnelle qu’il faut la chercher, mais derrière la caméra. Le réalisateur offre son New York au public, ses sentiments sur cette ville, qui symbolise tant pour lui.
“Je ne voulais pas filmer l’Empire State building et Times Square. J’avais autre chose à montrer de cette ville, que je connais de l’intérieur. Je voulais parler du rapport entre les gratte-ciel et le sol défoncé plutôt que d’aller dans les endroits touristiques”. Résultat, la ville apparaît sous un nouveau jour. Chinatown, Lower East Side, Brooklyn: On est presque étonné de voir ces endroits à l’écran, encore bercé par l’illusion qu’ils n’appartenaient qu’aux initiés.
Bien conscient des opportunités mais aussi des enjeux profonds soulevés par la mondialisation, Cédric Klapisch se positionne comme le témoin d’une nouvelle ère, caractérisée par le mouvement  : “Les trois films racontent pour moi la génération des gens qui vivent la mobilité dans tous les sens du terme : mobilité social, du travail, amoureuse, de la famille. Tout ça est explosif et mobile”.
Derrière l’apparente légèreté des aventures de Xavier se cache en réalité un questionnement propre à toute une génération. À travers l’expatriation, thème commun à “L’Auberge Espagnole”, “Les Poupées Russes” et “Casse-tête chinois”, c’est l’adaptation de l’homme à un nouveau mode de vie qui est abordée: “Il y a une thématique des valises dans les trois films. On voit toujours Xavier avec ses valises. Et c’est vraiment une métaphore pour moi de l’homme moderne”.
Et c’est très certainement le plus touchant dans le cinéma de Cédric Klapisch, mettre à jour les contradictions de l’Homme. Après les deux premiers chapitres, où Xavier ne cesse de répéter à quel point sa vie est compliquée, et tente, en vain d’y mettre de l’ordre, il semble enfin s’apaiser. Et pour cause : “À la fin du film, il a compris que sa vie était compliquée et que c’était peut-être une chance qu’elle le soit”.
Quant à la question qui est sur toute les lèvres, à savoir si “Casse-tête chinois” clôture la saga, Cédric Klapisch apporte une réponse ouverte: “Je crois que oui mais maintenant je dis on verra dans 10 ans. Si on a envie d’être ensemble et que je trouve une histoire pourquoi pas, mais je ne peux pas décider maintenant“.

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