Cédric French Bistro dans la tourmente médiatique

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«C’est une histoire personnelle qui a pris des proportions démesurées, presque politiques», déplore Cédric Lecendre, co-propriétaire du restaurant français Cédric à Harlem. L’enseigne est au coeur d’une polémique relayée par la presse locale après la circulation d’un e-mail l’accusant de discrimination raciale.

Retour sur les faits : le 4 février dernier, un groupe de femmes noires était attablé depuis 16h quand, à 19h30, Lecendre leur aurait demandé de changer de table, celle-ci étant réservée à un autre groupe de clients, des Blancs. Selon lui, elles se sont alors déplacées sans montrer d’agacement et ont commandé du champagne et du vin. Vers 23h, le groupe de femmes a demandé à Lecendre pourquoi il les avait fait changer de table. Selon l’e-mail, qui a notamment circulé au sein de l’association de femmes afro-américaines The Links, il aurait répondu que les autres clients «avaient emménagé dans le quartier, acheté des condos, qu’ils étaient des habitués» pour justifier sa décision.

Si son associé Fabrizio Khanlari reconnaît que Lecendre a pu hausser la voix, tous deux ont réfuté cette version, s’offusquant que l’e-mail, probablement envoyé par l’une des clientes, fasse notamment référence à la couleur de peau des membres du second groupe de clients – l’auteur utilise le terme « Caucasian ». « C’est très courant de déplacer les clients dans la restauration; moi-même, ça m’est arrivé », rappelle Lecendre, qui ne comprend pas pourquoi un incident aussi «banal» se transforme en tollé.

Un tollé qui s’explique peut-être par l’implication de Rosemonde Pierre-Louis. L’adjointe du président du borough de Manhattan aurait fait partie des femmes attablées chez Cédric ce jour-là. Elle serait partie avant que ses amies soient déplacées, puis rappelée par l’une d’elles quand la dispute a éclaté dans le restaurant branché qui a ouvert il y a cinq mois sur St. Nicholas Avenue. Dans une lettre adressée à ses propriétaires le 9 février, la conseillère municipale Inez Dickens appelle au boycott du restaurant qu’elle accuse de discrimination.

Aujourd’hui, contacté par French Morning, son bureau minimise. Il assure que Dickens ne boycotte «aucun des commerces de sa communauté», mais espère qu’un terrain d’entente sera trouvé par les deux parties. «La conseillère a simplement voulu exprimer son inquiétude de voir se produire des comportements qui rappellent un passé douloureux,» explique son attachée de presse, évoquant la ségrégation raciale.

En attendant de «pouvoir [s]’asseoir avec [ses] accusatrices et clarifier ce malentendu», Lecendre se défend de toute forme de discrimination. «Qu’est-ce que je ferais à Harlem si j’étais raciste?», s’est-il exclamé. «J’aime ce quartier, le mélange des gens, j’habite ici, je travaille ici, et cette affaire ne va rien y changer,» a-t-il ajouté. Reste que « cette affaire » en dit long sur les tensions qui parcourent Harlem, où certains résidents de longue date voient d’un mauvais œil l’arrivée de la population blanche dans le quartier.

Lire aussi:

– Notre article sur la communauté française d’Harlem ici

 

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