Rencontre entre Français, dans un pub de San José. Sourire aux lèvres et poignée de main franche, Benoît Hervé, tout juste arrivé, salue chacun par son prénom avant de s’asseoir.
« Je viens de tomber par hasard sur le maire de San José ! lance-t-il. Je lui ai fait un elevator pitch. Il était emballé : il veut une de mes machines à pain pour sa mairie !», raconte-t-il, selfie à l’appui, avec un pointe d’humour et un enthousiasme sincère.
Il y a six mois, Benoît Hervé, 48 ans, lançait son entreprise : Le Bread Xpress. Son idée : pouvoir vendre un pain de qualité, frais et chaud, 24h sur 24, « un besoin non satisfait aujourd’hui», dans une région où la French baguette a pourtant la cote. Le Bread Xpress se propose donc d’installer, chez les commerçants intéressés, de grands frigos-fours-distributeurs de 3 mètres sur 2 qui stockent, cuisent et fournissent des baguettes chaudes in-situ et à la demande, à la manière des distributeurs de boissons.

« Le pain est un produit fascinant », s’enthousiasme Benoît Hervé, qui a pourtant fait « toute (sa) carrière dans la tech, en particulier l’industrie des semi-conducteurs à des postes variés : jusqu’à être VP marketing pour des start-up, américaine et irlandaise. » Arrivé aux Etats-Unis en 1997 par l’Arizona, alors qu’il travaillait pour Motorola, désormais père de deux adolescents, il a vécu au Texas avant de poser bagages en Californie, en 2008.
Amoureux du « mode de vie » start-up, le rachat par Intel de celle où il était alors employé lui apparaît comme « l’occasion de monter mon propre business ».
L’idée lui vient fin 2014 de commercialiser aux Etats-Unis un distributeur de pain, inventé par un Français et alors tout juste primé au concours Lépine. Depuis, Benoît Hervé est au four et au moulin : étudier le marché, établir un plan de financement, lever 200.000 dollars de seed funding « grâce à (son) expérience en marketing et en levée de fond », proposer le partenariat à l’inventeur, mais aussi obtenir la certification des machines auprès des autorités américaines et se former, auprès de leur fabricant, au Portugal, à la maintenance.

«Comme pour toute boîte early stage, résume-t-il en s’excusant du “franglish” qui lui échappe, il faut savoir porter beaucoup de chapeau ». Celui de serial-networker lui est naturel. C’est comme cela qu’il s’est fait connaître et a trouvé son fournisseur de baguettes, Petits Pains, à Burlingame.
Deux premières machines, livrées fin 2015 dans l’usine du fournisseur Petits pains, devraient être installées prochainement dans des villes de la South Bay, « Mountain View, Saragota ou San José », lâche-t-il, en évoquant, prudent, des contacts avec « une grande chaîne de supermarché de luxe ». En parallèle, Le Bread Xpress compte ouvrir une boutique de type sandwicherie, qui ferait office de démonstrateur pour la machine, « probablement associé à une épicerie fine » de produits tricolores.
Le Nantais se donne deux mois pour aviser, mais l’objectif est d’installer une dizaine de machines en 2016 et une cinquantaine d’ici à 2019. Le prochain défi pour Benoît Hervé, c’est de recruter : un technicien de maintenance, un responsable de magasin et un business développeur. « Pas facile dans cette zone de quasi plein emploi ». Mais il le faudra bien, si Le Bread Xpress veut faire définitivement oublier à la Bay Area la baguette élastique du supermarché.