La baisse du prix du pétrôle fait déjà des victimes. « En réponse aux prix abaissés de la marchandise et à des dépenses d’exploration de production anticipées à la baisse en 2015, Schlumberger a décidé de réduire son effectif total » d’environ 9.000 personnes sur un total de quelque 120.000 collaborateurs pour une économie estimée à 296 millions de dollars.
Alors que les Etats-Unis s’interrogent sur les conséquences de la baisse des prix du pétrole sur son industrie pétrolière, cette petite phrase glissée par le leader mondial des services pétroliers dans l’annonce de ses derniers résultats a fait couler beaucoup d’encre. Elle fait suite à d’autres annonces de suppressions de postes par Halliburton, Baker Hugues (qui sont par ailleurs en voie de rapprochement), Apache Corporation, mais aussi BP et Conoco Phillips.
Mais à Houston, où ces multinationales emploient de nombreux expatriés, « on ne voit pas de familles partir en masse pour le moment, et on reçoit toujours autant de demandes d’information », témoigne Maryline Chepda, la présidente de l’accueil francophone de la ville, Houston Accueil.
Du côté de l’ancienne Société de prospection électrique (l’actuelle Schlumberger, présente dans plus de 80 pays dans le monde), « on ne peut divulguer aucun détail » de la répartition des suppressions de postes et ce « pour quelque région que ce soit ». Mais on précise que les « réductions » sont « en cours et devraient être achevées au cours du premier trimestre 2015 ».
Les résultats d’autres multinationales françaises comme Total et CGG étant attendus pour les prochaines semaines, la main-d’œuvre francophone de l’industrie pétrolière américaine devrait donc être rapidement fixée sur son sort.
Mais « l’impact de la baisse des prix du pétrole pour CGG devrait être limitée aux Etats-Unis car nous avons anticipé et pris des mesures pour limiter les conséquences de la crise de l’exploration dès la fin 2013 et CGG a fortement réduit le nombre de ses expatriés au Texas », indique d’ores et déjà une porte-parole de CGG.
« Il y a toujours des consolidations dans les périodes de baisse d’activité. Dans les six à douze mois qui viennent, il faut s’attendre à des départs à la retraite anticipés, des fusions, ainsi que des licenciements, car les entreprises cotées ne peuvent pas se permettre d’annoncer des pertes. Mais l’économie texane s’est considérablement diversifiée depuis 1986 (date de la dernière baisse majeure des cours du pétrole) et les entreprises sont mieux préparées à une baisse soudaine des prix », analyse pour sa part l’économiste Ed Hirs, professeur à l’université de Houston, directeur de l’entreprise de prospection Hillhouse Resources et administrateur de la Chambre de commerce franco-américaine de Houston. Il s’exprimera prochainement sur le sujet dans le cadre d’un déjeuner de décideurs économiques franco-américains de la région de Houston (sur invitation).
« Moins 60% en sept mois : la baisse du prix du baril est impressionnante, mais pas sans précédent, et par le passé, le marché a démontré sa forte capacité d’adaptation », appuie Geoffroy Petit, le président de la Chambre de commerce franco-américaine et ex-PDG de Total Petrochemicals USA, aujourd’hui partenaire du cabinet de recrutement Amrop-Seeliger & Conde. « Cette adaptation passe par des efforts lourds: reports de projets, réductions coûts, consolidations, fusions d’entreprises… »
Mais « dans le passé, l’industrie pétrolière, et les majors en particulier, ont fait preuve d’une remarquable capacité à résister ». Alors même si « on n’arrête pas un champ de pétrole » et que « dans l’immédiat, les majors souffriront, avec des trésoreries réduites par dizaines de milliards de dollars (…) les petits acteurs seront davantage touchés » et « des rachats de sociétés devraient suivre, avec de bonnes affaires en perspective », prédit Geoffroy Petit. Business as usual, en somme.
Date: