Au Marathon de New York 2022, courir pour «prouver qu’on est vivant»

Au Marathon de New York 2022, courir pour «prouver qu’on est vivant»

Par Emmanuel Saint-Martin / Le 3 novembre 2022 / Actualité

La foule qui vous porte tout au long des avenues de la Big Apple, le rugissement des supporters qui monte de la profondeur des canyons de béton et de verre… Tout cela, Malika Kacel l’imagine déjà. « Je vais prendre l’émotion en pleine tête, c’est sûr; ça ne m’étonnerait pas que je pleure », confie-t-elle depuis sa ville de Bordeaux, à quelques heures de prendre l’avion pour s’envoler vers New York et son marathon. L’infirmière de 39 ans aura plus d’une raison d’être émue. 

En 2016, elle a 35 ans lorsqu’elle se découvre une boule au sein droit. Quelques jours plus tard, les analyses de sang confirment un cancer … en même temps qu’elle apprend sa troisième grossesse. Elle décide d’attendre l’accouchement avant de commencer le traitement. Elle subira une double mastectomie. Mais découvrira aussi une cause, et des amies pour toujours. Car avec sa chirurgienne, Amélie Gesson-Paute, elle s’engage dès 2018 dans un raid en Laponie organisé par l’association Défi d’Elles, au profit de Keep a Breast, fondation qui œuvre pour la prévention du cancer du sein. 

Valérie Trierweiler, marathonienne malgré elle

C’est avec le même groupe qu’elle débarque cette année à New York. Elles sont 19 femmes -et un homme- qui vont courir sous les couleurs de Défi d’Elles. Malika Kacel est la seule cancer survivor du lot, mais les autres sont toutes concernées et militantes de la cause, comme l’ex-championne de natation Laure Manaudou. Ou la journaliste Valérie Trierweiler. Celle-ci jure que la course de fond n’est à priori pas son truc. « Elles m’ont plus ou moins forcée… Je devais être accompagnatrice, il restait un dossard, j’ai fini par dire oui », assure-t-elle. 

L’ex-Première dame côtoie le groupe depuis 2018. Elle avait couvert le raid de Laponie, puis, déjà le marathon de New York pour Paris Match. À l’époque, 5 coureuses de Défi d’Elles avaient fait la course d’une manière très spéciale : elles avaient emporté avec elles 42 photos de patientes atteintes de cancers du sein. À chaque kilomètre, elles brandissaient et remettaient au public une des photos. « Je me suis retrouvée entrainée ensuite, à faire les raids de femmes de Defi d’Elles d’abord, puis ce marathon maintenant. Je ne me suis pas vraiment entrainée pour un marathon; je n’ai jamais couru de semi, mais toutes ensemble on vit des émotion tellement fortes, ça fait se dépasser (…). Et puis l’objectif c’est seulement d’aller au bout, j’y crois ! ».

Célébrer la vie

À la tête du groupe, Christelle Gauzet elle aussi y croit. Cette ancienne policière, qui s’est faite connaître en participant à l’émission Koh-Lanta, a créé Défi d’Elles. Bien que très sportive, elle arrive au marathon de New York pas particulièrement affûtée : elle vient d’organiser en octobre, à l’occasion du mois de sensibilisation au dépistage du cancer du sein, pas moins de quatre raids, de l’île d’Oléron aux côtés du Var, avec chaque fois 120 participantes différentes. Expérience épuisante pour l’organisatrice, mais pas question de renoncer, d’autant que l’aventure attend depuis plus de deux ans. Le groupe devait courir en 2020, marathon annulé pour cause de Covid, puis encore en 2021, où le marathon a eu lieu, mais sans les étrangers, les frontières américaines ne s’étant rouvertes qu’au lendemain du marathon.

« Ce sera mon troisième marathon, le deuxième à New York (elle avait déjà participé au groupe présent en 2018). Pour être honnête, je préfère la course en nature, mais l’ampleur de l’évènement est telle que c’est une belle plateforme pour la cause de Keep a breast, pour sensibiliser les femmes à l’auto-palpation ». Toutes les occasions sont bonnes pour faire passer le message insiste Malika Kacel : « c’est moi qui ai détecté mon cancer; c’est aussi le cas de 40% des cancers du sein. Il sont d’abord détectés par les femmes elles-mêmes, par auto-palpation ». 

Mais pour l’infirmière bordelaise, ce n’est pas seulement une question de prévention. Il s’agit aussi de célébrer la vie. « J’étais sportive avant mon cancer, dit-elle, mais je m’y suis mise à fond depuis. Je suis toujours en mouvement ». Une manière, confie-t-elle, « de se prouver qu’on est là, qu’on peut, qu’on a cette chance là… Quand on a frôlé la mort, on ne voit plus la vie de la même façon ». Sur le bitume new-yorkais, Malika Kacel pensera, aussi, à sa mère, qu’elle a perdue à l’âge de 12 ans, et à sa grande sœur, décédée d’un cancer du sein à 34 ans. « Je vais beaucoup penser à elles », conclue-t-elle.

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