“L’emplacement était dingue. Et comme c’était dingue, on s’est dit c’était peut-être pour nous” . C’est cette réaction qu’a eue Claude Louzon lorsque sa fille Julie a dégoté le site de leur nouveau restaurant, Miss Paradis, au coin de Mulberry Street et Prince. Il aura fallu quatre ans de planification et de construction, mais leur bébé est bel-et-bien sorti de terre en lieu et place d’un ancien parking. Il tourne à plein depuis son ouverture en décembre.
Père et fille se décrivent comme les “co-créateurs” de cette nouvelle adresse pesco-végétarienne qui fait la part belle au rosé, comme le trahissent d’énormes bouteilles de six litres qui accueillent les visiteurs dans l’entrée.
Si c’est le premier restaurant qu’ouvre Julie Louzon, qui travaillait dans l’immobilier jusqu’à présent, son père n’en est pas à son coup d’essai. Pionnier du manger (et boire) sain, on lui doit des tablées renommées comme la chaîne Paradis du Fruit, dont la carte centrée sur le fruit était complètement inédite à sa création en 1982. “Quand on a lancé le Paradis du Fruit, on trouvait du coca et des boissons sucrées partout à Paris. Dans les salades niçoises, les olives se battaient en duel avec les olives. Quand on est arrivé avec notre concept, on était ado. On avait envie de faire chier un peu le monde, leur dire que c’était possible, se souvient Claude Louzon. Maintenant, je veux créer des concepts en famille. L’idée de Miss Paradis, c’est de transmettre. De poursuivre l’aventure avec les idées de Julie” .
Pour cette première adresse new-yorkaise, le tandem n’a pas fait les choses à moitié. C’est Philippe Starck, le célèbre designer, avec lequel Claude Louzon a travaillé sur la rénovation du Paradis du Fruit et son restaurant Miss Kō, qui a conçu l’espace de deux niveaux, coiffé par une gigantesque pomme. Plusieurs tables sont alignées au rez-de-chaussée, entre une baie vitrée et une longue table communale, tandis que l’étage offre une ambiance plus intimiste.
La carte, concoctée par un chef israélien (Adir Cohen) et californien (Alejandro German), est un mélange de poissons (saumon, morue, loup de mer…) et de légumes essentiellement locaux. Les clients peuvent être intrigués par le mystérieux Piaf Bread, un pain noir à base de… charbon. “On voulait sublimer les fruits de la mer et de la terre” , résume Claude Louzon.
“Miss Paradis est une table de partage, équilibrée, qui ne va pas dans la frustration. On laisse nos chefs s’exprimer” , renchérit sa fille. Pour le tandem, qui a acquis la nationalité américaine, c’est aussi une manière de rendre hommage à “la ville extraordinaire dans laquelle on vit” .
Plusieurs artistes ont contribué à la décoration du restaurant, ce qui lui donne un aspect coloré et animé. “On a voulu intégrer la richesse de New York dans le concept” , explique Julie Louzon, venue aux Etats-Unis il y a onze ans pour ses études. “J’ai grandi dans le business de mon père. Petite, je dessinais des menus et des restaurants peu réalistes, se souvient la jeune femme. J’ai vécu à travers les histoires extraordinaires de mon père qui a connu un American Dream en France. J’ai toujours voulu réaliser ce rêve. On le vit ensemble maintenant” .
À SoHo, un petit coin de Miss Paradis
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