A San Francisco, Reviens Léon drague des ingénieurs expat'

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La question d’un retour en France ? Oui, ils se la posent souvent. Romain Nervil, 29 ans, se la pose même « tous les jours ».
Cet ingénieur à la tête bien faite est arrivé à à San Francisco pour son stage de fin d’étude. Il y travaille maintenant depuis sept ans, et il est actuellement content director chez Venture Beat. « Je n’ai jamais pris la décision de passer ma vie ici aux Etats-Unis. La France me manque. Ici j’ai toujours l’impression d’être dans une série : la culture, le mode de vie, la nourriture… Mais les années passent, et ce n’est jamais le bon moment pour rentrer. Cela me parait souvent compliqué, et je n’ai pas d’urgence. Si je rentre, il faut que les bonnes conditions soient réunies.»
Comme Romain Nervil, soixante-dix personnes étaient venues vendredi soir à l’invitation de Reviens Léon, un programme pour inciter les expatriés à regagner la France, qui vante l’attractivité des start-ups tricolores. Réunis dans les locaux de SmartRecruiters, à San Francisco, les expatriés ont échangé avec cinq représentants du programme, dont son initiateur, le patron de la société de co-voiturage Blablacar, Frédéric Mazzella.
Parmi les invités, beaucoup sont venus par simple curiosité. Agés entre 25 et 45 ans, la plupart étaient titulaires d’un bac+4 à bac+ 6 et expatriés aux Etats-Unis depuis plusieurs années : le cœur de cible pour des start-up françaises en pleine croissance qui peinent à recruter.
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« J’ai l’impression que les choses bougent en France et c’est excitant, ça me donne envie de rentrer, remarque Romain Nervil. Le programme Reviens Léon est très bien. Il y a beaucoup d’expatriés qui se posent la question de rentrer et de comment faire. Et c’est exactement ce que l’on a envie de voir : une liste d’entreprises qui disent : on sait ce que vous cherchez, c’est nous, envoyez vos CV et on parle. »
Benjamin Vallat aussi salue cette initiative. A 35 ans, ce COO chez Zeepro, une start-up d’impression 3D, a posé ses valises en Californie il y a quatre ans. « Quand on bosse à l’étranger,  on a peu de visibilité sur ce qui se passe en France et ce qu’il est possible de faire. Reviens Léon est un superbe programme, c’est un bon relai sur l’activité française. » 
Quant à rentrer au pays, ce père de deux enfants, marié à une Française, l’envisage. « D’abord pour des raisons personnelles car j’ai encore toute ma famille là-bas. Mais aussi pour le futur, pour mes enfants de 8 et 4 ans. Il y a la question de leur éducation et du coût que cela engendre ici, cela rentre forcément dans l’équation. Ensuite, professionnellement, on sent que les mentalités changent en France et on regarde ça de beaucoup plus près. Je suis parti en 2008 et à l’époque c’était plutôt une ambiance post-crise, fuyons le pays. » 
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Tout l’enjeu pour Reviens-Léon est d’ailleurs de faire changer cette image d’une France vieillissante, enlisée dans la crise économique – et de rassurer les expatriés. Car un éventuel retour en France s’accompagne aussi de beaucoup d’appréhension. Au moment de poser des questions au panel du programme, celle des salaires était sur toutes les lèvres, mais aussi celle des opportunités et des profils recherchés.
« Si je rentre en France, qu’est-ce que je fais ? » s’interroge Antoine Gourdin, chercheur et développeur en intelligence artificielle dans une start-up. « Ici les profils techniques sont assez valorisés, ce qui n’est pas forcément le cas en France. Quand tu as passé 10 ans dans la technique, qu’est-ce que tu retrouves quand tu rentres ? »
C’est à ces inquiétudes que Reviens Léon doit se confronter aujourd’hui. Le programme n’en est qu’à ses débuts et n’a pas encore eu de potentiels « Léons » à raccompagner en France.
Mais Frédéric Mazzella est optimiste : « Nous sommes une plateforme de recrutement, mais on prévoit aussi un programme d’accompagnement pour les expatriés qui souhaitent regagner l’Hexagone. Depuis le lancement, on a déjà eu 130 candidatures pour nos 70 offres d’emploi en ligne. On veut que le programme soit une source facilitée et filtrée de jobs pour les expatriés qui se posent la question du retour en France. »
L’opération séduction va se poursuivre. Après New-York et San Francisco, Reviens Léon donne rendez-vous aux expatriés à Londres le 2 juillet prochain.

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