Au premier tour, Patrick du Tertre a voté pour le divers droite Antoine Treuille. La logique voudrait que ce militant UMP soutienne, au second, le candidat de son parti, Frédéric Lefebvre, au nom du rassemblement. Il n’en sera rien : «Entre Corinne Narassiguin qui a l’air intelligent, les pieds sur terre, et un Lefebvre qui m’a été imposé par mon parti, pour la première fois de ma vie, je vais voter socialiste».
Pour les militants-sympathisants UMP qui n’ont pas voté Lefebvre au premier tour, l’heure du choix a sonné. Trois possibilités s’offrent à eux : jouer le rassemblement contre la gauche, protester contre un candidat qu’ils voient comme « parachuté » en s’abstenant ou en votant blanc, ou mettre carrément un bulletin socialiste dans l’urne par colère ou pour faire respecter la logique des institutions de la Vème République, qui veut qu’un Président gouverne avec une majorité de la même couleur politique. Selon un sondage CSA-French Morning publié avant le premier tour, 10% des électeurs se déclarant de droite seraient dans ce dernier cas de figure.
Quel que soit leur choix, il sera décisif sur le destin de M. Lefebvre. En effet, le premier tour a dessiné un rapport de force droite-gauche serré. Hors Front National et MoDem, le total des voix de droite et celui de gauche sont à quasi-égalité. Il faudra donc un parfait report de voix des électeurs qui avaient refusé le candidat officiel de l’UMP au premier tour pour assurer à Frédéric Lefebvre un siège au Palais Bourbon. « La candidate de gauche risque bien de passer », craint un militant de longue date de l’UMP.
Officiellement, les ex-adversaires de Frédéric Lefebvre à droite et au centre jouent la carte du rassemblement. Ils ont tous indiqué, à l’exception du troisième homme Emile Servan-Schreiber, de Carole Granade (MoDem) et Philippe Manteau (ARES) qui n’ont pas pu être joints, qu’ils voteront tous pour le candidat de l’UMP à titre personnel. Est-ce que la base suivra ces indications ? Pas pour Gérard Michon, crédité de 2,23% des voix au premier tour, qui est le seul ex-candidat à avoir explicitement appelé à voter Lefebvre au second. « Dans ce contexte, un élu n’est pas propriétaire de ses voix (…). Les consignes de vote ne seront pas suivies comme en France », affirme-t-il.
Pour sa part, M. Lefebvre s’est dit, dans un message publié sur son site, prêt à travailler avec ses anciens adversaires : « Je suis également décidé à travailler dans le futur avec les candidats de la droite et du centre qui se sont investis avec énergie dans cette campagne». «Ensemble, barrons la route à une gauche sectaire et rétrograde, incarnée ici par une candidate socialiste alliée de l’extrême gauche qui se fait passer pour centriste aux Etats-Unis », poursuit-il.
Un avis partagé par de nombreux supporteurs d’ex-candidats de droite: “Je vais voter Lefebvre, sans l’ombre d’un doute“. “Les militants de droite voteront à droite sans surprise“, renchérissent respectivement un “Treuilliste” et un “Balkaniste”.
Au Québec, plusieurs ex-militants, suspendus de l’UMP pour avoir apporté leur soutien à M. Balkany, disent qu’ils se rallieront bon gré mal gré à la candidature de M. Lefebvre. A l’image de Jean-Claude Sensemat, qui a rejoint l’Union en 2007. Fin mai, il a fait parvenir une lettre à Jean-François Copé faisant part de sa démission du parti en protestation de sa suspension, mais indique qu’il votera Lefebvre le 16 juin. « Au second tour, je voterai Frédéric Lefebvre pour faire barrage aux forces de gauche. C’est le seul vrai combat qui m’anime », écrit-il dans la missive.
« Je vais finir par me ranger, mais à reculons. Je ne crois pas en cette candidature », lance pour sa part Aurélia Le Tareau, elle aussi suspendue de l’UMP Québec pour avoir soutenu Julien Balkany. « Beaucoup de gens qui ont pris le risque de soutenir des candidatures de droite vont s’abstenir, je pense. Ceux du centre vont voter Narassiguin qui a fait une bien meilleure campagne ». Réponse le 16 juin.