Le boxeur Pierre-Mickaël Hugues : « Un handicap n’est pas une faiblesse, tout reste possible »

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Avec vitesse et précision, il enchaîne les jabs, les cross et les hooks, sans laisser son adversaire respirer une seconde. « Float like a butterfly, sting like a bee », disait Muhammad Ali. Un dicton que Pierre-Mickaël Hugues a bien intériorisé, tant il semble à l’aise sur un ring. Le jeune homme a 31 ans et a commencé à boxer à 18 ans. « Un peu tard » selon lui, mais suffisamment tôt pour lui permettre de développer un goût prononcé pour les combats.

Né sans jambes, Pierre-Mickaël Hugues est le premier boxeur handicapé au monde à concourir en catégorie valide. Après avoir passé quelques années en fédération de handi-boxe, il obtient, en 2016, sa licence pour intégrer les compétitions classiques. « Je me souviens du silence absolu du public lorsque je suis monté sur le ring pour mon premier combat, se remémore-t-il. Aujourd’hui encore, lorsque je me bats devant des milliers de personnes, les gens se demandent comment je vais faire. Et dès que le combat commence, ils se rendent compte que je me débrouille sans problème ! »

Pierre-Mickaël Hugues (gauche) et Christophe Mendy (droite). © Manon Gillet

Un talent qui lui a permis de se faire remarquer par le champion français Christophe Mendy. « Nous nous sommes rencontrés à Paris en mai dernier », raconte celui-ci. « En France, c’est devenu compliqué de trouver des sponsors et des entraînements de qualité, donc je l’ai invité à s’entraîner avec moi à New York ». 

Oublier le handicap

Pierre-Mickaël Hugues est arrivé aux États-Unis le 24 novembre pour un séjour de deux semaines. Sous l’œil attentif et les conseils précieux de Christophe Mendy, il s’entraîne, chaque jour, dans différentes salles de boxes de New York. « Il travaille dur et apprend vite. Je suis vraiment satisfait », confie Christophe Mendy. « La première fois que je l’ai vu boxer à Paris, j’ai été impressionné par la manière dont il se déplace sur le ring. Il est sacrément courageux ».

Grâce à ses deux prothèses, le boxeur se déplace avec aisance, dans la rue comme sur un ring. Mais elles sont source de douleurs, et représentent aussi un véritable gouffre financier. « À cause de la boxe, elles s’usent et doivent être changées tous les un an et demi. Et à chaque fois, cela coûte plusieurs milliers d’euros », regrette sa compagne Manon Gillet. 

Pierre-Mickaël Hugues lors d’un combat en France. © Pierre-Mickaël Hugues

Pour ne pas manquer cette occasion exceptionnelle de venir s’entraîner à New York (et aussi de faire un peu de tourisme !), le couple a dû piocher dans ses économies. Mais en France comme aux États-Unis, ils ont bénéficié d’un fort élan de solidarité. Deux cagnottes en ligne ont été mises en place et plusieurs milliers d’euros déjà récoltés.

« Ma mère a entendu parler de Pierre-Mickaël via une amie et a décidé d’accueillir le couple chez elle dans le Westchester. Moi, je les accompagne tous les jours pour leur faire visiter New York », explique Emma Soustelle, qui fait partie de l’initiative d’accueil. « Pierre-Mickaël est vraiment quelqu’un d’inspirant. Je l’ai vu faire une intervention devant des jeunes dans le Westchester. Ils étaient tous bouche-bée en écoutant son histoire ».

Direction les JO

Le jeune homme est adopté à l’âge de quatre mois par des agriculteurs du sud de la France. À 14 ans, il est obligé de reprendre l’exploitation familiale. À 23 ans, il perd tout après d’importantes intempéries, et se retrouve endetté jusqu’au cou. Il passe le concours d’infirmier, finit major de sa promo et part se former aux urgences dans le nord de la France. Parallèlement, il donne des cours en prison et devient ambassadeur des droits de l’Homme pour la Croix-Rouge. 

Pierre-Mickaël Hugues en train de porter la flamme olympique lors des JO de Paris. © Manon Gillet

Récemment libéré de ses dettes, il aimerait gagner sa vie grâce à la boxe. « J’ai 31 ans, il ne me reste plus que quelques années pour ça, estime-t-il. Je suis en train de finir un Master pour devenir directeur de centre social ou d’établissement hospitalier. Un secteur qui me permettrait de véhiculer mes valeurs : qu’il soit permanent ou ponctuel, physique ou psychologique, un handicap n’est pas une faiblesse, c’est juste être humain, et tout reste possible. Et le sport peut permettre de s’en sortir. »

Porteur de la flamme lors des JO de Paris, Pierre-Mickaël Hugues ambitionne désormais de participer à ceux de Los Angeles en 2028. Une aventure d’une vie, qu’il espère partager avec le plus de gens possible.

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