Les bateaux les plus rapides de la planète, réunis pour une course au pied de la skyline. C’est le spectacle qui se déroulera les 21 et 22 juin à New York, dans le cadre de SailGP.
Cette compétition nautique, dont c’est la première édition, voit s’affronter six pays : l’Australie, la Chine, les Etats-Unis, le Japon, la Grande-Bretagne et la France. L’Hexagone est dignement représenté par un équipage de cinq personnes, parmi lesquelles Marie Riou, élue meilleure navigatrice au monde en 2018 à l’issue de la Volvo Ocean Race et première femme à remporter cette course qui s’étire sur 83.000 km. Née il y a 37 ans dans le Finistère et initiée très tôt à la voile, cette sportive a un parcours remarquable : sacrée championne du monde de 420 (un petit dériveur) à l’âge de 18 ans, elle fait partie de l’équipe olympique de voile française depuis les JO de 2014.
Marie Riou est une habituée des défis, mais la SailGP n’est pas une course comme les autres : elle voit s’affronter des catamarans planant à 1 mètre 50 au-dessus de l’eau et atteignant des vitesses inédites allant jusqu’à 50 noeuds (92 km/h). “Ce sont les Formule 1 des bateaux : particulièrement rapides et super impressionnants, confirme Marie Riou. Avec ce genre d’engins, c’est toujours très grisant de prendre le départ”. Cette célérité exceptionnelle rend aussi la course relativement dangereuse : “On essaie de rester en sécurité, mais en même temps, c’est ce qui nous donne de l’adrénaline”, affirme la skipper. Tous les équipages ont reçu une formation aux mesures de sécurité, portent des combinaisons renforcées et sont assurés par un détendeur pour ne pas rester bloqués sous le bateau en cas de chute.
Pour apprendre à maîtriser ces trésors de technologie, Marie Riou et ses co-skippers se sont entraînés dans un simulateur basé à Londres. Une première session a eu lieu en octobre, avant la toute première navigation, suivie d’une seconde après les deux premières courses, car le fonctionnement du bateau a reçu quelques modifications entre-temps. Marie Riou espère que ces quelques heures supplémentaires leur auront permis de progresser après les étapes de Sydney et San Francisco.
Le rôle de Marie Riou sur le bateau est essentiel. Sa dénomination technique, régleuse de vol, évoque plutôt la conduite d’un avion que celle d’un navire. Il consiste à manoeuvrer les foils, c’est-à-dire les ailes situées en dessous de la coque qui soutiennent le bateau dans les airs. “Le but est d’être en vol tout du long si l’on veut garder une vitesse maximale. Pour l’instant, nous n’y sommes pas encore parvenus”, confie-t-elle.
Son co-skipper, Billy Besson, est à la barre et s’occupe de la tactique de course. C’est lui qui a d’abord été contacté par Russell Coutts, patron de la course, pour représenter la France. Les deux navigateurs forment un duo solide : quadruples champions du monde, ils ont couru ensemble aux Jeux Olympiques de Rio, où ils ont navigué sur un Nacra 17, et préparent également ceux de 2020 à Tokyo. La participation de Marie Riou à l’aventure semblait donc aller de soi, “et puis conduire des bateaux aussi exceptionnels, c’est une opportunité qui ne se refuse pas !”
Seule ombre au tableau pour Marie Riou: sur les 30 compétiteurs, elle est la seule femme. Elle espère cependant que les avancées technologiques représentées par ces navires high-tech inciteront les navigatrices à prendre la barre. “Les bateaux sont les mêmes que lors de la dernière Coupe de l’America, mais ils étaient difficiles à manoeuvrer physiquement, ce qui pénalisait la participation des femmes. Ils ont été modifiés depuis et certaines commandes fonctionnent désormais de façon électronique. Des courses comme la SailGP offrent l’opportunité à tout le monde, hommes comme femmes, de montrer leur valeur”.
Déjà venue à New York l’espace de quelques jours lors d’une escale à Newport pendant la Volvo Race, Marie Riou n’y a encore jamais navigué. “Avec le panorama sur Manhattan, ça devrait être un beau spectacle !”
Marie Riou, une navigatrice-star face aux eaux de New York
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