Eva Ionesco fait son retour derrière la caméra. Huit ans après « My Little Princess », sa première réalisation inspirée de son enfance douloureuse avec sa mère photographe, qui la faisait poser dans des clichés érotiques, l’actrice, romancière et égérie française des années 1980 revient au cinéma avec « Une jeunesse dorée ». Ce second volet d’une saga autobiographique fera sa première nord-américaine le 7 mars au Miami Film Festival, en présence de la réalisatrice.
Co-écrit avec son mari, le journaliste et écrivain Simon Liberati, « Une jeunesse dorée » traite de l’amour entre une adolescente orpheline et un peintre de six ans son ainé qui vivent sans se soucier du lendemain. « On plonge dans mon intimité en abordant ma rencontre avec Charles Serruya, mon premier fiancé, confie Eva Ionesco. C’est avant tout l’histoire du passage de l’adolescence à l’âge adulte au travers du parcours initiatique de cette jeune fille dont l’amour se perdra dans la nuit parisienne ».
S’inspirant de sa propre vie, Eva Ionesco, qui n’a pas de lien avec Eugène Ionesco, déroule naturellement l’intrigue à l’époque du Palace, célèbre boîte de nuit à Paris au début des années 1980. « Je voulais me souvenir de ces années-là qui représentent pour moi une période autant poétique que douloureuse, explique-t-elle. À l’époque, dans le monde de la nuit, il y avait beaucoup d’alcool, de sexe et de drogue. J’ai souhaité retracer tous ces moments d’extravagance et de légèreté ».
Pour ce film à la fois imaginaire et largement autobiographique, la réalisatrice s’est entourée d’un casting quatre étoiles. Alors qu’Isabelle Huppert et Melvil Poupaud campent des personnages de pure fiction, Nassim Guizani et Alain-Fabien Delon, fils du monstre sacré du cinéma Alain Delon incarnent les doubles romancés de personnalités réelles. « J’ai intégré certains de mes amis dans ce long-métrage comme le créateur Christian Louboutin ou encore le décorateur d’intérieur Vincent Darré sans jamais les nommer, souligne la réalisatrice. Cela fonctionne comme pour un conte, certains personnages se cachent derrière d’autres ».
Malgré un scénario qui se veut sophistiqué, depuis sa sortie sur les écrans français au mois de janvier, « Une jeunesse dorée » se montre clivant et s’attire parfois de mauvaises critiques. Ces dernières disent que les acteurs sur-jouent et que les décors sont décevants. « Je les trouve bien souvent injustifiées même si je ne cherche pas à plaire à tout le monde car le plus important est de vivre sa passion et d’exprimer sa créativité, se défend Eva Ionesco. En tout cas, je suis impatiente et curieuse de découvrir quelle sera la réaction du public américain ».
Après son passage à Miami, la cinéaste française de 53 ans poursuivra l’écriture de son prochain long-métrage, le troisième volet de sa saga autobiographie. « Il s’agira cette fois-ci d’un film basé sur le souvenir et l’identité avec l’histoire d’une fille qui recherche son père qu’elle n’a pas connu, raconte Eva Ionesco. Même s’il devient de plus en plus difficile de faire du cinéma en France, car la recherche de financements est assez longue et les tournages parfois éprouvants, j’ai de l’opiniâtreté à revendre et je ne suis pas prête à lâcher la caméra ».
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