Moha Orchid, le self made pâtissier d'Harlem

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3:30pm. Une fillette d’une dizaine d’années pousse la porte de Jolie Patisserie. Si le gros de la journée est passé, il reste encore des clients à satisfaire.

Moha Orchid a 52 ans. Et dans sa pâtisserie qui a ouvert en mai à Harlem, il semble déjà y avoir des habitués. Le gérant de cette nouvelle enseigne mise sur le relationnel : “On me dit d’embaucher du monde et de me reposer. Mais c’est moi qui charme la clientèle, avec mes six langues et mes douze accents! 

Pour lui, l’aventure new-yorkaise a commencé il y a trente ans. Son bac marocain en poche et après une année d’études en littérature anglaise à l’Université de Caen, Moha Orchid est embauché deux années de suite pour encadrer des jeunes dans un camps de vacances en Pennsylvanie. C’est entre “activités extérieures” et “temps calmes” que la révélation se produit. “Un jour, je me suis rendu compte que je voulais rester ici. Alors j’ai tout plaqué et je suis allé à New York. L’été, il ne fait pas froid et je n’avais rien. Je pouvais dormir dehors” .

De petits boulots en petits boulots et de canapés en canapés, Moha Orchid apprend la débrouille. Un “esprit de jeunesse” qu’il évoque les yeux brillants.

Ancien vendangeur, il revendique sa bonne connaissance des vins et fait ses débuts au désormais célèbre Union Square Cafe. Multipliant les expériences dans la restauration, il finit par ouvrir son propre restaurant en 1999. Mais malgré son succès, Cookies and Couscous n’arrive pas à assumer l’augmentation des loyers dans Greenwich Village. Cinq ans après l’inauguration, Moha Orchid met la clé sous la porte.

Exilé dans l’Ohio un temps, c’est en tant que cuisinier privé dans des familles fortunées que Moha Orchid revient à New York. Il faudra attendre encore dix ans et quelques rendez-vous à la banque pour que Jolie Patisserie voit le jour.

Jolie Patisserie

Pains au chocolat, croissants et donuts aux étonnants parfums thé vert et sauce piquante thaï, il propose désormais des produits “beaucoup moins sucrés et moins gras que ce qu’on peut trouver, ici, aux États-Unis” . Mais il pense pouvoir aller encore plus loin. “Il ne faut pas se vendre à moins que ce qu’on vaut. Ici les prix sont bas, mais avant la fin de l’année je compte ouvrir un autre magasin downtown et ce ne sera pas la même chose” .

Mais avant d’en arriver là, il faut s’assurer que la Jolie Patisserie marche. “Je sais que ça va marcher. Quand je suis arrivé aux États-Unis, j’avais 100 francs. Aujourd’hui, j’ai pu emprunter ici pour monter mon projet. Les rêves se réalisent” . Il est d’ailleurs en train d’écrire un livre intitulé Comment ouvrir une pâtisserie avec moins de $50.000.

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