Son site s’appelle France.com, en toute simplicité. C’est un site de tourisme en anglais aidant les Américains à voyager en France. Lorsqu’on sait que la France est la première destination du tourisme mondial et que les Américains sont les premiers touristes non Européens à s’y rendre, on saisit l’ampleur du succès d’une telle équation.
Jean-Noël Frydman crée www.france.com en 94, au tout début de l’Internet. Il a l’avantage des précurseurs : le choix, et peut déposer ce nom de domaine que tant d’autres rêveraient de posséder. Aujourd’hui, en tapant France sur Google.com, on tombe sur le site gouvernemental, sur la page Wikipédia dédiée à la france et sur le site France.com en troisième position. «J’ai quasiment un coup de téléphone par jour pour racheter le nom de domaine. Sans compter les rendez-vous officiels avec des ministères et autres agences gouvernementales qui souhaiteraient acheter des pages de publicité sur le site», admet Jean-Noël Frydman. Rien d’assez sérieux pour qu’il ait envie de vendre, «ce n’est pas à l’ordre du jour».
France.com reste donc son site de voyage et sa success story. Ce tour opérateur en ligne est utilisé en majorité par des Américains souhaitant voyager en France, mais il n’est bien évidemment pas limité aux frontières des Etats-Unis. Des agents de voyage locaux y ont de plus en plus recours, améliorant ainsi leur offre française et bénéficiant de la centrale de réservation mise en place. Tous peuvent y réserver des hôtels, des tours et des visites en bénéficiant du guide d’adresses de Jean-Noël Frydman et de son équipe. Une sélection d’hôtels de charme, des prix cassés sur des sorties comme un cabaret, des tours organisés en bus ou voiture vers les destinations « américaines » : Paris, Normandie, Châteaux de la Loire et de plus en plus les régions viticoles. La simplicité et l’efficacité du site ont convaincu Atout France qui l’a élu «meilleur tour opérateur américain sur la France» en 2010.
Aujourd’hui installé à Miami, Jean-Noël Frydman, 48 ans, est plus que serein. «On a une moyenne de 100 000 visiteurs par mois, dont 1,5 % font effectivement une réservation», explique-t-il, précisant que les rémunérations viennent des commissions versées par les hôtels et autres lieux ouverts à la réservation sur le site. En partance pour la France où il continue de tisser des liens avec des professionnels du tourisme, ce « domaineur » à succès regarde avec un poil d’étonnement ces quinze dernières années d’explosion de l’Internet. « Dès 94, je sentais l’immense potentiel de cette technologie, mais je n’aurais jamais cru que ça irait si vite », note-t-il, se souvenant du scepticisme de ses proches à l’époque.
Ce Parisien arrive à New York à 19 ans, en 1982. Il y étudie le cinéma avant de rejoindre la côte Ouest pour travailler dans la distribution de films. « La société dans laquelle je travaillais avait une connexion et utilisait parfois des emails, j’ai trouvé ça passionnant. » Il quitte le cinéma et se lance sur le Web dès 94, en déposant le nom de domaine France.com et en créant France One Line. « Mon idée était un serveur internet qui donnait accès à un kiosque d’informations sur la France depuis les Etats-Unis. Il faut se rappeler qu’à l’époque, c’était vraiment compliqué de s’informer, on recevait la presse avec deux jours de retard… » Douze médias le suivent, pas encore conscients qu’ils peuvent directement distribuer leur contenu sur le Web. France On Line propose donc des revues de presse et dispose pendant un temps d’un accord avec Le Monde qui fournit l’intégralité du journal via cet engin précurseur, disponible sur abonnement.
Puis ces médias comprennent un peu mieux le potentiel du Web et Jean-Noël Frydman s’adapte: il ajoute une partie anglophone sur la France, à destination des Américains. Rapidement, cette partie est la plus consultée, un nouveau business plan se met donc naturellement en place. L’entrepreneur décide de proposer un guide des hôtels de charme en France, un succès. France On Line est renommé France.com tout court en 1997, définitivement un site de tourisme en anglais. Jean-Noël Frydman quitte Los Angeles pour Miami en 2003, moins loin de la France et toujours sous les palmiers, d’où il peaufine son projet, en perpétuelle modernisation.
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