Julien Balkany : le prénom avant le nom

Julien Balkany : le prénom avant le nom

Par Alexis Buisson / Le 6 mars 2012 / Actualité

Ce 8 février dans la salle de réception du 50 Biscayne, un luxueux condo de Miami, Julien Balkany clôt sa réunion publique du soir. Une quarantaine de Français est venue l’écouter égrainer ses propositions dans les domaines de l’éducation, de la sécurité sociale et de la fiscalité. Une femme s’avance, l’air gênée. Elle se lance: « Avez-vous un lien de parenté avec, avec… ? », lui demande-t-elle. « Patrick. C’est mon demi-frère », répond Julien Balkany, avec le sourire. Et de vanter ensuite les mérites du député-maire UMP de Levallois-Perret, un proche parmi les proches de Nicolas Sarkozy.

Partager le nom d’un des personnages les plus sulfureux du paysage politique français peut gêner. Pour Julien Balkany, 31 ans, cela permet au moins de se démarquer des autres candidats locaux dans cette élection législative en Amérique du Nord. Dans ses déplacements à travers les Etats-Unis, les connaisseurs de la vie politique hexagonale lui posent la question. Ils imaginent qu’ il est son fils ou son neveu. L’intéressé a appris à marquer son indépendance. Candidat à une élection à son tour, il assure ne demander aucun conseil à celui qui est de 33 ans son aîné. « J’explique que ce n’est pas Patrick Balkany qui est dans cette élection, mais moi, Julien, dit-il. Même si on est très proche, lui c’est lui, moi c’est moi ».

De son propre aveu, Julien Balkany a une autre différence avec Patrick: pour lui, la politique n’est pas une carrière. Certes, il est diplômé de Sciences Po (Strasbourg), a milité dans sa jeunesse pour le RPR dont Patrick Balkany est un des membres fondateurs et participé à la campagne de Jacques Chirac en 2002. Mais c’est dans la finance qu’il s’est réalisé. Et pas dans le microcosme de Neuilly-sur-Seine où il est né, mais aux Etats-Unis. Après Strasbourg, il étudie la finance à l’université UC Berkeley (Californie). En 2000, alors qu’il est en “summer analyst program” dans la banque d’investissement Bear Stearns à New York, il rencontre le financier Daryl Nanes. En février 2005, il rejoint ce dernier à la société de courtage et “investment boutique” Nanes Delorme Capital Management (NDCM) que Nanes avait créée. En 2008, il s’associe avec lui pour lancer le fonds d’investissement Nanes Balkany Partners. La même année, il figure sur la liste des « 30 jeunes financiers qui comptent » établie par le magazine spécialisé Trader Magazine. En 2010, il est nominé pour le trophée des meilleurs jeunes gestionnaires de hedge funds aux États-Unis dans le cadre des « Institutional Investor’s Hedge Fund Rising Stars ».

Eau dans le gaz (de schiste)

Son nom va le rattraper en 2011, en pleine polémique sur les huiles et gaz de schiste. A l’époque, il est le vice-président non exécutif de Toréador Resources, une entreprise d’exploration et d’exploitation gazière et pétrolière ayant des activités en France, et dont Nanes Bakany est l’actionnaire de référence. La compagnie cherche à développer la production de pétrole non-conventionnel (situé entre 2.000 et 3.000 mètres de profondeur, en dessous des réserves traditionnelles, dans les couches de schiste) dans les sous-sols du Bassin parisien. Le marché est juteux : l’Institut français des pétroles (IFP), cité dans Le Figaro, estime qu’entre 60 et 100 millions de barils d’or noir y dorment . Mais l’opération, qui nécessite des techniques de forage lourdes et consommatrices de ressources naturelles – notamment en eau pour fracturer la roche – provoque une levée de bouclier chez les écologistes et les élus locaux. Le gouvernement décide de suspendre toute prospection du schiste en attendant la remise d’un rapport d’étape sur l’impact de la méthode sur l’environnement. Balkany, lui, est accusé d’avoir usé de ses relations pour faciliter l’obtention des autorisations d’exploration. Il démissionne de son poste en mars 2011, après deux ans aux commandes. « Je n’ai jamais eu de responsabilités ni exécutives ni de direction ni opérationnelles car j’étais membre non-executif du conseil d’administration, se défend-il. Malheureusement, quand on a un nom de famille connu, certaines personnes, pour des objectifs politiques, s’amusent à crier au délit de patronyme. »

« J’ai tourné la page depuis. Cela a été une aventure passionnante. J’ai regretté que la France ait fait le choix de fermer la porte aux huiles et gaz de schiste avant de l’ouvrir. »

Cet épisode n’est pas étranger aux ambitions politiques de M. Balkany. « Avoir vu comment le Parlement s’exprimait sur la question, sans en connaitre les tenants et les aboutissants, avec beaucoup d’irrationnel et la mise en avant d’intérêts personnels en vue d’une élection ou d’une réélection (…), m’a renforcé dans la volonté de défendre la chose publique ». L’été dernier, quand il est devenu clair que Christine Lagarde, appelée à remplacer Dominique Strauss-Kahn au Fonds monétaire international (FMI), ne serait pas la candidate de l’UMP dans la circonscription, Balkany décide de se lancer. Sans briguer l’investiture du parti majoritaire car, dit-il, la candidate socialiste Corinne Narassiguin était en campagne depuis le mois de février. De Porto Rico à Las Vegas, il sillonne les Etats-Unis depuis, malgré la multiplication des candidatures à droite. « Il n’y a pas de sortant, c’est une nouvelle élection. Cette circonscription ne se donne pas. Elle se gagne, affirme-t-il. Cela sera certainement le candidat le plus motivé et déterminé qui l’emportera. Je le vois comme une prise à la hussarde car il faut arriver à mobiliser et convaincre. »

Préférence nationale dans l’éducation

Lors de ses déplacements, il répète qu’il est pour l’extension de la PEC (prise en charge), la mesure de gratuité dans les établissements français à l’étranger qui concerne aujourd’hui les seules classes de Seconde, Première et Terminale. Moins classique: M. Balkany veut accorder aux élèves de ces établissements un « compte d’éducation individuel », une enveloppe dont la somme équivaut à « deux à trois années » de scolarité et que les parents pourront utiliser à n’importe quel moment des études de leur enfant. Autre mesure : il veut réserver l’accès des établissements de l’AEFE (Agence pour l’enseignement français a l’étranger) aux enfants français, en cas de saturation des classes. « La diversité culturelle dans les classes est une richesse pour les enfants, mais je ne peux pas accepter que des établissements de l’AEFE, qui font partie de l’Education nationale, refusent des enfants français au profit d’enfants d’autres nationalités. En cas de saturation des classes, il faut donner une priorité absolue aux enfants français. »

Il se veut également le champion de ce qu’il appelle l’« impatriation », c’est-à-dire le retour des Français au pays. Sa solution : créer une agence publique qui centralisera les services qui s’adressent aux Français candidats au retour (et au départ de France), en facilitant leurs démarches administratives en matière de santé, fiscalité et retraite. « Il y a trop de Français qui partent la fleur au fusil. Je rencontre beaucoup de Français qui me disent : ‘si j’avais su, j’aurais fait autrement’.»

S’il est élu, dit-il, il passera deux semaines par mois à l’Assemblée nationale et deux semaines par mois dans la circonscription. Il voit son mandat comme « une parenthèse » politique dans sa vie. «Je me vois mal commencer aujourd’hui une carrière politique pour la finir à 70 ans. Aujourd’hui, j’ai l’envie légitime de me mettre au service des Français d’Amérique du Nord. »

Visiter le site de Julien Balkany ici

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