Parents français, vous êtes les meilleurs (Really!)

Parents français, vous êtes les meilleurs (Really!)

Par Elisabeth Guédel / Le 5 février 2012 / Actualité

Pamela Druckerman ne m’a jamais croisée dans un Monoprix parisien ou un Whole Foods new-yorkais. Si la journaliste américaine l’avait fait, elle aurait vu mes enfants se rouler par terre pour obtenir un bonbon et n’aurait peut-être pas écrit que “les petits Français ne font pas de caprices dans les supermarchés”.

Elle n’a jamais vu non plus la grimace de dégoût sur le visage de mon fils de 5 ans devant une salade ou un plat de brocoli, ou elle aurait compris que nous aussi, les Françaises, nous avons du mal à faire avaler des légumes à notre chère progéniture. Malgré tout, “Bringing Up Bébé” révèle bon nombre de vérités quotidiennes sur la façon dont Américaines et Françaises élèvent leurs enfants. Et comme le fameux “Tiger Mother” d’Amy Chua, qui vantait l’éducation “à la chinoise” -sur le succés duquel l’éditeur cherche visiblement à capitaliser-, le livre de Pamela Druckerman est voué à la fois au statut de best seller et à devenir le sujet de conversation N°1 dans les playgrounds et autour des machines à café (jetez un coup d’oeil aux commentaires passionnés ici ou pour en avoir le coeur net).

L’art de la pause

Pamela Druckerman assure avoir découvert “la sagesse de l’éducation à la française” à Paris. L’ancienne reporter du Wall Street journal raconte son initiation comme un roman autobiographique, suivant la chronologie de sa vie. C’est l’histoire d’une journaliste célibataire entièrement dévouée à son métier qui se fait brutalement licencier, épouse un Britannique –après des dates compliqués – et quitte Manhattan pour le suivre à Paris. De sa grossesse aux 6 ans de sa fille aînée Bean, en passant par la naissance de ses garçons jumeaux Leo et Joey et la crise de son couple qui en découle, Pamela Druckerman décrit minutieusement son long parcours de mère et de femme, en immersion complète.

Petit à petit, l’auteur fait tomber tous ses à priori de New-yorkaise pour se laisser conquérir par le mode de vie local. Et la conclusion est sévère pour ses compatriotes: nous, les Françaises, nous nous en sortons bien mieux. Nous ne cherchons pas à tout connaître de la grossesse –  surtout pas tous ses désagréments et ses risques -, nous apprenons “naturellement” aux enfants à faire leurs nuits dès leurs 2 ou 3 mois, à attendre – nous ne répondons pas immédiatement à la moindre demande de nos enfants, nous attendons même quelques secondes avant de répondre à leurs questions, ce que Parmela Druckerman nomme “la Pause”. Nous leur apprenons à s’occuper par eux-mêmes, et, en imposant des limites strictes – “un cadre”, en français dans le texte -, à respecter la nourriture, les autres et surtout les adultes. Le tout avec peu, voire pas, de sentiment de culpabilité. Bref, nous sommes plus relaxes, plus féminines, moins techniques que les Américaines dans notre façon d’être mères, au bénéfice de nos enfants, plus polis, plus respectueux et, étonnamment, plus respectés en tant qu’êtres humains à part entière.

De l’origine de notre “coolitude”

Pamela Druckerman tente d’expliquer son constat par un bon sens naturel chez les Françaises d’aujourd’hui. Elle revient sur les origines de notre mode de pensée parentale à travers Jean-Jacques Rousseau ou encore Françoise Dolto, inconnue aux États-Unis. Si “Bringing Up Bébé” ne révèle rien de nouveau sur l’auteur d’ Émile et sur la papesse de la psychanalyse, il éclaire en revanche sur l’approche presque opposée qu’ont Américains et Français vis à vis du mode de garde collective. Pamela Druckerman raconte combien ses amies françaises l’ont félicitée après l’obtention d’une place en crèche, alors que ses proches, aux États-Unis, n’ont montré que méfiance et doutes, la poussant vers la culpabilité de “laisser” sa fille aux mains d’inconnus. Elle revient sur l’origine des day care: la France, pionnière au XIXème siècle en matière de crèches destinées à aider les femmes les plus pauvres à travailler, a exporté son modèle aux États-Unis. Ce mode de garde collective a gardé sa connotation de “working-class” outre-Atlantique, et les middle et upper classes américaines prévilégient aujourd’hui encore la garde à domicile pour les premières années de leurs enfants.

Humour et autodérision

Pamela Druckerman décrit un monde un peu idéal de la crèche française. J’ai pour ma part rencontré davantage de compréhension dans les day care américains – combien de fois, en France, les puéricultrices m’ont fait culpabiliser d’aller travailler pour un nez qui coule! Et le monde de la politesse n’est pas si grand en France. Dans le quartier chic où je vivais à Paris, les “Bonjour Madame” et les “s’il vous plaît” n’étaient pas toujours la règle, et j’ai vu bon nombre de parents menés par le bout du nez (moi comprise) par leurs chers bambins.

Pour autant, le livre de Pamela Druckerman m’a fait sourire, autant dans sa critique de l’esprit bobo du quartier de Park Slope à Brooklyn (“si l’overparenting était une compagnie aérienne, Park Slope serait son aéroport”), où j’ai vécu les plus incroyables expériences d’éducation américaine, que dans celle de l’esprit parisien – “Paris, l’un des endroits les moins sympathiques au monde”. Une vue très citadine de l’éducation à la française, avoue elle-même Pamela Druckerman, qui a le mérite de traiter tous ces sujets de la petite enfance avec beaucoup d’humour et un sens aigu de l’autodérision. Espérons que les lecteurs – lectrices – décèleront cette forme d’ironie qui leur avait, pour beaucoup, échappé dans le livre d’Amy Chua. En tout cas, pour l’éditeur de ces deux auteurs, Penguin Press, c’est un nouveau succès de librairie assuré.

Paraît le 7 février aux États-Unis: “Bringing Up Bébé: one American Mother discovers the wisdom of French Parenting”, 288 pages, Penguin Press.

Parce qu’à French Morning on adore faire les malins, voici nos articles publiés l’an dernier sur cette “Guerre des Moms” qui n’en finit pas:

Pourquoi les mères françaises sont supérieures
-Pourquoi les mères américaines le sont aussi
-Mother Superiors (par Debra Ollivier, en anglais)

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