Chroniques de jeunes Frenchies à Hollywood

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Chroniques de jeunes Frenchies à Hollywood

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Fabien Soudière, 21 ans. « En arrivant a L.A., on se croit déjà dans un film »
Voila un « ange » d’adoption qui a tout du jeune Californien (photo de droite). Blond, yeux clairs, vêtements à la mode. Lors d’une balade nocturne à Hollywood, on le voit se ruer sur les tapis rouge, tenter (avec succès) de s’y faire photographier au bras de jolies filles. Symptôme de son amour des flashs, mais surtout, de son idée bien ancrée que pour réaliser son rêve d’acteur, il doit se faire remarquer. Ne nous y trompons pas. Fabien ne porte pas le glamour dans ses gènes : né en 1989 au Havre dans une famille modeste, il vit aujourd’hui avec quelques dollars en poche.
Il «sacrifie» le confort pour sa passion, le show business. Nul ne sait, surtout pas lui, combien de temps ce jeu va durer. Cela fait en tout cas plus d’un an que Fabien arpente les rues clinquantes d’Hollywood. Une chose est sure : il aime la danse, la magie, le spectacle. En France, il a obtenu 18 prix comme magicien. Mais très vite, sur le Vieux Continent, il a eu le sentiment «d’avoir fait le tour».
« Je suis parti à Amsterdam puis à Paris, où j’étais serveur. J’étais le seul à parler anglais dans le restaurant, ce qui m’a permis de rencontrer des Américains et récupérer des cartes de visite. Un jour, j’ai tout lâché. Je suis parti avec un sac, un ordi et 500 dollars ». Fabien, qui, dans l’ombre de son enthousiasme, dissimule un côté animal blessé, s’est jeté à l’eau les yeux tournés uniquement vers l’avenir.
« Ma première impression ? En arrivant à l’aéroport, on se croit immédiatement dans un film. Tout est immense. Et puis, les sirènes de flics, le ciel bleu, les voitures, les diners… On se promène dans ‘Grease’ ».
Il squatte au départ chez un businessman de l’entertainment. A partir de là, il enchaine les aventures : projet de boys band avorté, création de sites Internet (son gagne-pain), job temporaire à la Paramount, etc.
« J’ai contacté pleins de gens sur Facebook. Sans ce site, je n’en serai pas la ». Idéaliste, Fabien n’est pas complètement naïf pour autant. « Je sais comment ça se passe à Hollywood ; quand certains me font les yeux doux, c’est aussi parce que j’ai une belle gueule de jeune blondinet ». Les méthodes de certains producteurs ou réalisateurs, il s’en méfie, vécu à l’appui.
« Il faut que je fasse mes preuves pour trouver un agent, intégrer le syndicat des acteurs et obtenir des papiers. Mon but, c’est de faire un film inspiré de mon histoire : le script est déjà là, j’y travaille depuis longtemps. » Si Fabien avance avec un culot rafraîchissant, c’est qu’il suit sa devise : « Ne jamais arrêter de rêver ». « Sinon, je serais resté à Paris ».
Valentine Lhomme, 29 ans. « C’était une décision bizarroïde, mais tout se goupille bien »
Après avoir arpenté les planches de théâtres français, cette brune à la formation classique du Cours Florent décide, sur un coup de tête, de partir pour Los Angeles. « Après tout, c’est mieux que Bordeaux », rit-elle. Elle vient de passer trois mois de « rêve » dans la Cité des Anges à suivre des cours dans un studio – pourtant « miteux » – de la vallée San Fernando, blottie derrière les collines hollywoodiennes. On y voit passer des professionnels tels les lieutenants de Tarentino, affirme-t-elle. Si les grands rôles ne sont pas encore à portée de main – patience, qui sait – elle a déjà un projet de séries web pour l’automne prochain. Plus important encore, « L.A. m’a donné l’énergie pour entreprendre plein de choses que je n’avais pas faites avant. Ici, on est encouragé, et il n’y a pas de honte à avoir du succès. A Paris, on se sent enfermé, il règne un pessimisme ambiant, dans mon milieu et en général, qui sert d’excuse pour ne pas se mettre en danger (y compris moi) ». Cette fan de Cédric Klapish, Arnaud Desplechin ou encore Christophe Honoré voit en L.A. une sorte d’anti-Paris, même si elle a conscience d’avoir « un style d’Européenne ». « Malgré un accent léger, ce n’est pas facile de se faire passer pour une Américaine ». L’accent peut être un obstacle pour les jeunes étrangers, il existe d’ailleurs un tas de coachs qui travaillent à l’éliminer ou l’atténuer. Mais l’objectif numéro un pour Valentine est désormais d’obtenir un visa, un agent, un manager. « Je suis entourée de gens pour cela, c’est ma dream team ».
Morgan Compagnon, 26 ans. « Il faut connaitre des personnes bien connectées »
Le projet impeccable de Morgan – se lancer dans la finance après un master à Science Po Paris – est déjà loin. Aujourd’hui, ce diplômé de prépa littéraire et d’histoire désire être producteur/réalisateur. Il a bifurqué vers un master de cinéma à l’Université de Californie de Los Angeles (UCLA) qui offre, dit-il, l’un des meilleurs programmes sur le continent. Il effectue en parallèle un stage dans la maison de production de Ridley Scott (Thelma et Louise, American Gangster…). « Je ne savais pas si j’avais du talent, mais je n’avais pas envie de candidater dans une banque », confie-t-il.
Ce fils de riches producteurs de vin du Gers est arrivé dans le cinéma « par hasard ». « J’étais en stage a Vancouver. Je suis venu sur les campus californiens pour voir les MBA qu’on proposait. En parlant de mon envie de faire du théâtre, je me suis intéressé à une école de cinéma à L.A. Je me suis inscrit et j’ai d’abord suivi le cursus d’acteurs », raconte-t-il. Mais il se rend compte qu’obtenir un visa de travail sera très difficile. « A priori, les gens sont accessibles, on a au début l’impression que tout va être facile. Mais faut pas trop rêver non plus, on ne t’embauche pas comme ça sur un tournage ». Il décide donc de se donner du temps, de s’inscrire à l’université pour se constituer un carnet d’adresses, et bascule vers les métiers derrière la caméra. Evidemment, il faut pouvoir s’offrir le luxe des 35 000 dollars du master de UCLA (moins une bourse de 12000 dollars).  L’immense avantage est que son visa d’étudiant lui permet, une fois diplômé, de travailler un an aux Etats-Unis pour des entreprises américaines. Mais le vrai secret réside dans le networking. « Il suffit de connaître deux ou trois personnes bien connectées dans le cercle mondain, dit-il. Ensuite, il faut sortir, aborder les gens, se vendre, quitte à forcer les choses ». Morgan déploie désormais son énergie pour la mise à l’écran d’un scenario sur Boris Vian, écrit par un ami à Paris. Il a aussi monté une société avec un « ami-partenaire », spécialiste des effets spéciaux et de la 3D. Un filon en plein boom a Hollywood.

French Morning

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